lundi 26 février 2018

REFORME DE LA SNCT



Je suis arrivé avec mes caissons de basses, une guitare dans le dos, les doigts prolongés d’amour essayant de fuir la guerre ou la prison quand un matin mes mains se sont retrouvées autour d’un cou dans un parking souterrain, l’horreur au plus profond de mes yeux la haine au bord des lèvres, il fallait que je parte, que je reprenne contact avec la nature, que je fuisse le bruit. Mais qu’est-ce qui arrive à nos campagnes bordel, j’ai fui et tout ce je fuis me poursuit. Déjà le 7ème cadavre que j’essaie d’enterrer dans le fond de mon jardin. Dans cet exil j’y avais vu des notes douces, des balades musicales, des nuits blanches à contempler la lune et les étoiles, une inspiration romantique et je voyais mon cahier posé sur des poésies disneylisées ou baudelairisées ou des putes assises dans le creux de mes mains mais surtout j’y ai cru. Mais au bout de vingt années l’exil tourne au cauchemar, les putes ont disparues pour laisser place à des fils de putes qui ne comprennent pas que s’assoir autour d’un feu ne nécessite pas de souffler sur les braises, que le respect de son voisin ne consiste pas seulement à lui faire un signe de tête le matin au bout de son allée de garage, mais que la fraternité d’un lendemain se passe aussi au fond du jardin dans l’échange d’un travail bien accompli, dans la quiétude d’une sieste au milieu des chants d’oiseaux. Les campagnes étaient remplies de vieux rabougris qui s’automutilaient avec des histoires ancestrales de coucheries paternelles avec les voisines, remplies de vieux et de vieilles qui regardaient derrière les rideaux mais qui un dimanche matin déboulaient chez moi avec un plat qui s’appelait « on en a fait beaucoup trop pour nous ». Vingt ans plus tard ces vieux sont vraiment devenus très vieux mais surtout très très cons, les jeunes qui arrivent depuis vingt ans dans ces maisons arrachent les rideaux et gueulent comme des truies après leur mioche, parlent fort la nuit, tapagent et couvrent le chant de mes oiseaux le jour, polluent avec un autocollant « non au nucléaire » collé sur leur 4x4 diesel. Mais que sont devenues nos campagnes ? J’ai repris ma guitare sur le dos, je poétise mes pensées afin d’éviter de repartir en prison, j’essaie à nouveau de fuir mais mes couilles sont attachées sur un lit de fric recouvert de béton et de tuiles. Ma guitare est désaccordée, les notes ne sont plus vertes mais rouge sang. Les mains sur le manche je ferme les yeux et attends le train assis sur la voie….putain de chienne de vie, même les trains ne passent plus dans nos campagnes.  

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