mardi 17 janvier 2017

WAHIB ET LES AUTRES



Je viens d’aller promener mon chien et quand le vent m’a piqué les joues et qu’il m’a empêché de respirer à fond,  j’ai eu un pincement au cœur, car j’espère que tous les corps grelotants ont trouvé un endroit relativement chaud pour sommeiller ce soir, franchement. Alors ohhhh bien entendu je ne pense pas aux « migrants » dans ces quelques lignes pour lesquels nous avons mis à disposition des locaux chauffés qui juste avant leur arrivée ne répondaient à aucunes normes ou je ne sais quelles autres raisons bidons pour accueillir qui que ce soit, non,  je pense surtout et essentiellement à Sébastien P., étudiant en Master M2 MAE Ingénieur Tech à Strasbourg, qui dormait il y a peu dans sa voiture sur un parking faute de logement ou encore parce qu’il n’avait pas assez de tunes pour se prendre un appart ne serait-ce qu’en colloc, oh oui j’espère que Sébastien est au chaud dans un vrai lit ce soir, mes pensées vont vers toi mais aussi vers Aurélia V., étudiante en mathématiques pour son doctorat de maths et ses interactions, qui avait encore le sourire quand elle a quitté le domicile familial lorrain pour aller étudier à Toulouse et qui faute de logement s’est retrouvée à la rue, alors elle dort dans un camping dans une toile de tente, oh oui je pense à toi Aurélia par ce froid, je n’imagine pas ma fille vivre dans ses conditions, j’espère que tu t’en sortiras vivante, je pense à mon bon Wahib B., étudiant en art plastique à l’ Université Paris 8, je te vois avec tes cheveux couverts de givre quand tu dormais jusque hier sous le pont de la rue du moulin près des hauts de seine, tu étais dans ce camps improvisé de migrants mais tu n’as pas fait partie des relogés malheureusement, tu étais trop en règle mon pauvre Wahib, ton papa est tellement fier de toi, il croit que tu fais des études politiques, même si il sait que tu lui as menti, il est content quand il est dans son fauteuil en regardant la télé au Maroc, il sait que tu vas devenir quelqu’un, que son petit Wahib c’est un bon gamin, sauf qu’il ne sait pas que tu vas peut-être mourir ce soir de froid faute de logement pour toi petit étudiant étranger en situation régulière. Alors oui je pense à vous tous qui n’avez pas trouvé de logements étudiants parce qu’il n’y a plus de place POUR VOUS, même ce soir alors qu’il fait trop froid pour humainement dormir dehors ou dans une bagnole ou une toile de tente en France. Je n’ai même pas assez de place chez moi pour tous vous accueillir alors je vais juste pleurer et essayer de m’endormir en espérant que vous serez vivants demain. Ce n’est pas encore la guerre et pourtant vous allez tomber sous le drapeau français, de froid et je sais aussi pour certains de faim. Ouai ce soir quand j’ai promené mon chien et que le vent m’a saisi à la gorge, j’ai pleuré de tristesse…

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire