Difficile de se taire finalement. J’avais envie de ne rien
écrire, fermer ma gueule en m’isolant dans mon 7ème sous-sol à
enfoncer des clous dans un mur, après une nuit blanche et une journée noire, à me
ronger les ongles en rampant sur le sol, à me taper la tête contre les portes, prendre du recul pour ne pas finir en tôle
pour avoir écrit il faut « … ». Alors depuis hier soir j’ai tout lu,
tout regardé, j’ai passé ma journée à remonter du 7ème sous-sol en
courant dans les escaliers pour me jeter sur facebook, lire tout ce qu’il
pouvait être écrit, j’ai voulu tout savoir, j’ai tourné dans mon bureau comme
cette hyène autour d’une antilope aux pattes cassées, je me dégoutte, je m’écœure,
j’ai encore les babines qui dégoulinent
de sang sur mon pyjama à paillettes avec l’ourson en forme de cœur et sur mes
pantoufles en polaire. Finalement je ne sais rien, j’ai les larmes aux yeux,
mon concert de ce soir est annulé et j’allais me coucher, juste après avoir mis
le thermostat sur 18°c. J’ai lu des horreurs sur la toile, des gens qui veulent
devenir des soldats et combattre l’ennemi, les mêmes qui n’ont même pas fait
leur service militaire, les mêmes qui n’ont jamais tenu une arme de guerre, les
mêmes qui pleurent quand le hamster du gosse vient de mourir et qu’il faut l’enterrer
dans le jardin avec une boîte de chaussures comme cercueil, je ne le les blâme
pas, ils ont raison peut-être. Il y a 27 ans de cela je démontais et remontais un
famas les yeux bandés, je courais dans les bois de Ochey en rangers en chantant »
Marylin Monroe est une putain mais je suis trop con pour la baiser « quand
je préparais l’école des officiers, qu’en est-il maintenant ? Qu’en est-il
pour nous tous ? Quand j’entends que ces jeunes de vingt ans à peine
tiennent une arme de guerre à bout de bras, sans fléchir, en tirant sur chaque
forme humaine en mouvement, achevant d’un tir froid ces malheureux qui
gémissent à leur pied, ces mêmes jeunes qui sont capables de brûler vif un
humain dans une cage en ferraille pour ensuite l’ensevelir à coup de
tractopelle, je me demande qu’en est-il pour
nous ? La vie d’un être ne représente rien pour ces jeunes gens, qu’en
est-il pour nous quand tremblotant nous installons une tapette à souris
pour pécho l’enculé de loir qui nous empêche de dormir pendant que ces jeunes
gens dorment dans la boue, dans un tuyau d’égout, pendant des mois en attendant
leur heure en compagnie des rats. Alors comme ça nous allons partir combattre ?
Nous ? Moi avec mon pyjama en polaire (bon stop ce sont des conneries
hein, je n’ai pas de pyjama en polaire oh, mais j’aimerai bien…) ? Sérieux ?
J’ai lu des messages sur certains murs de facebook d’individus révoltés par ses
actes affreux de barbarie qui disent en ces termes : » viens chez moi
enculés de terroristes, je vais te niquer et te faire la peau ». Vous êtes
sérieux ? Ces types font 90 kilos, 1m85, s’entraînent jour et nuit avec
des armes de guerre, répètent sans cesse leur geste dans l’espoir de mourir au
combat, vous voulez combattre ça ? Alors vous dites ne pas avoir peur, moi
je n’ai pas peur de dire que je chie dans le froc, je ne suis pas tranquille,
je n’ai qu’un clavier et une souris filaire….je pense que cela ne va pas
suffire. Alors ouai je ne suis peut-être qu’une merde sans couilles avec juste
une médaille de bronze de la Défense Nationale pour mon engagement dans la
guerre du Golfe en 91, mais j’ai un cerveau qui fonctionne et je ne pense pas
que courir à poil dans les rues en essayant d’éviter des balles de 12 cm qui
filent dans tous les sens dans un slalom insensé en criant je vais te niquer
enculé va suffire à gagner cette guerre. Je ne dis pas qu’il faille regarder l’ennemi
progresser, oh non, je dis juste qu’ils ont laissé rentrer le vers et qu’il a
grossi maintenant. Alors comment faire ? Bah là tout de suite j’avoue que
je ne vois pas vraiment où se trouve la solution. J’ai peur de dire que dans
une semaine les larmes auront un peu séchées, du moins pour ceux qui ne sont
pas touchés directement par cette folie du 13 novembre 2015 ou d’un autre jour,
que comme je suis Charlie plus personne ne sera je suis Paris dans moins de
deux semaines. J’ai peur de dire que la haine grandissante contre certaines
personnes va exploser dans les écoles, les banlieues, dans les rues et que ça
me fait chier. En revanche je n’ai pas peur de dire que j’ai peur, ouai j’ai
peur. Alors je vous en supplie, restez humains, ne devenez pas comme moi…
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