Loin de moi de faire un report de ma soirée d’hier. En fait
j’ai juste revécu des instants bien cachés, mécanique quantique, dans le creux
de ma mémoire que j’avais envie de ressortir seulement quand j’aurai Alzheimer.
Bah c’était hier soir au Nancy’s Burning. Mais comme je viens de l’écrire, je
ne vais pas faire un résumé de la soirée, juste parce que cette soirée était
trop énorme, le NIB c’est juste une tuerie, un moment pour moi dans l’année (j’étais
à deux doigts de me suicider l’année dernière) où je passe en mode petite
connasse qui vient de boire 25 cl de bière à sauter partout parce que l’alcool je
ne supporte pas et que du coup je fais n’importe quoi et j’emmerde tout le
monde mais je m’en branle. (Sinon quand même, spéciale dédicace aux
présentateurs qui ont blablaté toute la soirée, franchement vous êtes les seuls
qui soient capables de parler autant sans me prendre la tête, vous êtes trop
forts je vous adore) Mais en fait je fais partie d’une putain de génération,
entre les fameuses petites connasses et les fameux vieux cons bougons. Une
génération élevé au grain des barricades, une génération quand papa sautait
maman dans une Aronde au milieu d’un champ. Du Rock’n’roll au fond du placenta
et surtout une âme de rebel yeah avec une éducation en forme d’uniforme. Ma
génération ! Une drôle de vie. Quel est le rapport avec ma soirée d’hier ?
Bah attends, je n’écris pas un sms…gros ! Ma génération est pacifiste,
mais vraiment pacifiste, pour dire je ne me suis jamais battu, oh bien sûr ne
me cherche pas, mais non-violence à tous les étages, nous sommes nés en pleine
révolution, nous sommes nés en même temps que les guerres sans fin, nous sommes
nés avec la gueule dans le bénitier, nous sommes nés avec de la politique
inscrit sur les couches culottes, nous sommes nés avec l’idéologie que nous
serions différents des autres, nous sommes nés avec la rage au ventre en fait. Mais
surtout, nous nous sommes formés tout seul, la politique ? Ma génération s’en
branle, nous ne sommes ni de droite ni de gauche, la religion on s’en branle,
nous sommes baptisés parce que c’était comme ça mais nous n’avons plus de
religion, nous n’aimons pas la guerre, nous n’aimons pas les disputes, nous n’aimons
pas cette haine, nous sommes une génération pacifiste, mais la vraie, celle qui
a grandi avec une telle haine, une telle rage, que tout ce qu’elle a fait c’est
de transformer cette rage, cette colère, en art ! Ouai ouai ouai, notre
colère s’est transformée en art, les premiers tags dans la rue, c’est nous, en
musique, en performance, en littérature c’est nous. Nous avons fait du pire le
meilleur, ce meilleur qui te coule sur la gueule le 25 mai 2018 à 22 heures et
quelques. Pourquoi je dis ça ? Parce que hier soir, au NIB, j’ai vu mon
meilleur pote d’enfance, celui qui montait dans la 4L rouge de ma maman quand
elle nous emmenait au collège, mon Didier monter sur scène et nous lâcher sa
haine, sa rage dans un hip hop sorti des rues sombres de Nancy en mode
pacifiste. Cette expression dans son regard, cette expression dans ses
mouvements, cette expression dans la voix, c’est exactement ça notre
génération, l’art de la rue, l’art aux essences de rage, l’art qui te fige dans
l’art. Et c’est avec les poils dressés sur la bite de la Princesse tatouée d’hier
soir que j’ai bu toute cette rage, toute cette colère, jusqu’à me péter une
phalange sur le crash barrière tellement la musique, les paroles, les
musiciens, les techniciens m’ont perforé les intestins que je n’ai plus, avec
de l’amour, de la vie, du bonheur d’être tous ensembles. Ouai wowwww c’était
une putain de bonne soirée, comme tous les NIB, mais cette fois-ci avec mon
pote Didier qui m’a touché en plein cœur. Merci mec, merci.
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