samedi 26 mai 2018

NANCY IS BURNING N°6


Loin de moi de faire un report de ma soirée d’hier. En fait j’ai juste revécu des instants bien cachés, mécanique quantique, dans le creux de ma mémoire que j’avais envie de ressortir seulement quand j’aurai Alzheimer. Bah c’était hier soir au Nancy’s Burning. Mais comme je viens de l’écrire, je ne vais pas faire un résumé de la soirée, juste parce que cette soirée était trop énorme, le NIB c’est juste une tuerie, un moment pour moi dans l’année (j’étais à deux doigts de me suicider l’année dernière) où je passe en mode petite connasse qui vient de boire 25 cl de bière à sauter partout parce que l’alcool je ne supporte pas et que du coup je fais n’importe quoi et j’emmerde tout le monde mais je m’en branle. (Sinon quand même, spéciale dédicace aux présentateurs qui ont blablaté toute la soirée, franchement vous êtes les seuls qui soient capables de parler autant sans me prendre la tête, vous êtes trop forts je vous adore) Mais en fait je fais partie d’une putain de génération, entre les fameuses petites connasses et les fameux vieux cons bougons. Une génération élevé au grain des barricades, une génération quand papa sautait maman dans une Aronde au milieu d’un champ. Du Rock’n’roll au fond du placenta et surtout une âme de rebel yeah avec une éducation en forme d’uniforme. Ma génération ! Une drôle de vie. Quel est le rapport avec ma soirée d’hier ? Bah attends, je n’écris pas un sms…gros ! Ma génération est pacifiste, mais vraiment pacifiste, pour dire je ne me suis jamais battu, oh bien sûr ne me cherche pas, mais non-violence à tous les étages, nous sommes nés en pleine révolution, nous sommes nés en même temps que les guerres sans fin, nous sommes nés avec la gueule dans le bénitier, nous sommes nés avec de la politique inscrit sur les couches culottes, nous sommes nés avec l’idéologie que nous serions différents des autres, nous sommes nés avec la rage au ventre en fait. Mais surtout, nous nous sommes formés tout seul, la politique ? Ma génération s’en branle, nous ne sommes ni de droite ni de gauche, la religion on s’en branle, nous sommes baptisés parce que c’était comme ça mais nous n’avons plus de religion, nous n’aimons pas la guerre, nous n’aimons pas les disputes, nous n’aimons pas cette haine, nous sommes une génération pacifiste, mais la vraie, celle qui a grandi avec une telle haine, une telle rage, que tout ce qu’elle a fait c’est de transformer cette rage, cette colère, en art ! Ouai ouai ouai, notre colère s’est transformée en art, les premiers tags dans la rue, c’est nous, en musique, en performance, en littérature c’est nous. Nous avons fait du pire le meilleur, ce meilleur qui te coule sur la gueule le 25 mai 2018 à 22 heures et quelques. Pourquoi je dis ça ? Parce que hier soir, au NIB, j’ai vu mon meilleur pote d’enfance, celui qui montait dans la 4L rouge de ma maman quand elle nous emmenait au collège, mon Didier monter sur scène et nous lâcher sa haine, sa rage dans un hip hop sorti des rues sombres de Nancy en mode pacifiste. Cette expression dans son regard, cette expression dans ses mouvements, cette expression dans la voix, c’est exactement ça notre génération, l’art de la rue, l’art aux essences de rage, l’art qui te fige dans l’art. Et c’est avec les poils dressés sur la bite de la Princesse tatouée d’hier soir que j’ai bu toute cette rage, toute cette colère, jusqu’à me péter une phalange sur le crash barrière tellement la musique, les paroles, les musiciens, les techniciens m’ont perforé les intestins que je n’ai plus, avec de l’amour, de la vie, du bonheur d’être tous ensembles. Ouai wowwww c’était une putain de bonne soirée, comme tous les NIB, mais cette fois-ci avec mon pote Didier qui m’a touché en plein cœur. Merci mec, merci.

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