dimanche 23 octobre 2016

LES SACOCHES DE LA MOTOBECANE, ELLES ÉTAIENT EN CUIR NON ? PARTIE 4

La gueule dans les fleurs, tu y as cru toi ? J’ai une gueule à vivre heureux tu crois ? A ton avis pourquoi je suis assis dans mon break au milieu des flammes. Juste un choix pour la paix dans le monde. Dans tes rêves. Je reviendrai avec deux flingues et je bastoserai dans la jungle. J’ai eu le temps de réfléchir, j’ai envie d’être malheureux et tu vas pas me faire chier à me balancer du bonheur à la sortie de la forêt quand les flammes ne seront plus qu’un souvenir. Jamais, je ne peux pas oublier ce qu’on m’a fait, ce qu’ils ont fait pour que je parte dans cette forêt. Alors dans le triste j’ai abandonné ma vie dans les flammes et j’essaie de retrouver ces putains de chanteurs et danseurs. La pente est sévère mais mes jambes assez solides. Ils m’ont dit que les chanteurs et danseurs picolaient dans le bar des anciens au centre de la ville, les bâtards, c’est pas comme si c’était loin de la forêt. Je marche dans les rues de cette ville, les clodos dorment sur leur carton, les autres dans des hôtels de luxe. Je suis fatigué. Les loups rodent et viennent de bouffer un clodo sans carton. Finalement sur cette planète faut être un putain de fils de pute pour pas se faire bouffer. La musique diffusée dans les haut-parleurs me fiche la chair de poule, à mon avis le IIIème Reich diffusait la même dans les couloirs des camps. En même temps cette musique s’accroche à mes doigts qui tentent de m’arracher les cheveux, un ange. Je suis trop mort, la croix entre mes phalanges glisse et se brise. Mon ange. Mon cœur est libre mais faut que je trouve les chanteurs et danseurs. J’ai passé des idées entre les barbelés, à la limite j’ai perdu un bout de tissu, mais pas l’envie d’éteindre l’incendie. C’est quand même dur de voir aux fenêtres des gens si heureux, ceux qui nous regardent, nous les clodos. Maman je suis où ? Je pousse enfin la porte de ce bar, et oui il n’y a que des anciens et les chanteurs et danseurs sont là. Enfin de la couleur ! Toutes les couleurs parlent avec les punks et les skins, un putain de bar mon pote. Je ne sais pas si ils ont trop joué avec les couleurs mais ça ressemble à la fête des peintres déjantés leur bar. Un chanteur m’invite à sa table, le projet est grand. Il me dit qu’éteindre les flammes ne sera pas pour demain, les rêves s’envolent et j’embarque mon sac à dos et je pars sur ce chemin, mon bonnet péruvien sur le crâne, au milieu des pierres. Le matin est brumeux mais le chanteur me montre du doigt la montagne. Je commence à rêver de nouveau. Oh bien sûr le chemin est accidenté encore, j’ai rencontré un gamin KKK mettre des coups de latte dans les boucliers des flics, mais après quoi, maître de guerre c’est juste un monde de fous. Créer une guerre juste pour voir les femmes et les enfants courir au milieu de la route pour serrer fort dans leurs bras leur papa mari chéri revenu vivant du combat. Faut-il que je retourne dans la forêt ? Non je continue, des sourires en bitume, pleurer sur un air de violon c’est dangereux en public, mais c’est un rêve. On est à six mois de parler de couleur de peau alors j’ai crié. Elle est si belle avec son costume d’apparat bleu, elle est si noire. Et l’autre pendant ce temps qui se fait sucer par les éléphant domptés à coups de pelle. Le chemin promet d’être long, oh putain. Brûler des pneus, pisser et chier dans l’eau potable, mettre une cagoule et un bandana, partir vers l’affrontement et tu vas me dire que tout va bien. Tornade. Sur le chemin je vois une fille sans visage faire du skate dans un skate park en forme de tête de mort, juste pour vivre, juste pour le rêve, je ne sais pas si sa religion lui permet. Drôle de mot. Et juste derrière, en tenue de camouflage, l’autre écrit sur son casque un mot pour la mort « GUERRE TU M’AURAS PAS » . La montagne est encore loin on dirait, le chanteur n’avait pas tout prévu. Jésus exécuté, quelle merde, il est toujours au milieu des débats. J’ai mal aux pieds. J’aimerai être mineur au fond de la terre sans lumière car franchement je ne me vois pas pompier dans les tours jumelles. Des voix par milliers sur le chemin, des réfugiés par millier, enfin surtout dans la télé. Ils ne viendront pas dans la forêt c’est sûr, Hirosyrie mon amour. Tu vois quoi toi quand tu vois tout ça ? Je vois des types qui pleurent et quand je ferme les yeux ce sont les mêmes avec des ceintures explosives, je ne dors plus depuis. Tu as déjà vu une fillette au milieu d’un tremblement de terre, non, alors viens avec moi sur ce chemin. Tous ces gens sont sur la route. Alors ne me demande pas de compatir, je suis dans la galère. J’étais beau quand j’étais gamin, avec ma baguette de pain, en courant dans les rues de mon village. Et là BOUM fin de l’histoire, une bombe des flammes et là je cours tout vieux avec mon fils dans mes bras et un jour il se posera devant ma tombe et dira : »et ils sont où les chanteurs et danseurs hein papa ? ». Et mais franchement je n’en peux plus, je marche je marche je marche et j’ai perdu le chemin, si au moins tu avais un verre de vin à m’offrir. Juste un cutter des veines. Merci c’est sympa. Pas maintenant, il y a ma fée, belle et dangereuse, assise quelque part sur le chemin, certainement en train de fumer de l’herbe. Il faut que je vieillisse vite très vite, les dents qui tombent dans un sourire mais je ne souris plus. Allez je m’en fous, je vais donner à boire aux koalas, ma vie ne sera que meilleure. Bientôt la montagne. Je vais hypnotiser les tigres et jouer de la flûte aux chats noirs. La vraie vie quoi. Je vais peut-être arrêter la partie 4, la dernière car maintenant tu sais qui je suis et où je vais. Et avant de me tailler les veines avec ton cutter il faut que je vois, que je t’aime, que je retrouve ma fée. Si jamais tu as fait le même chemin, pourras-tu me dire si la forêt brûle encore ?

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