La gueule dans les fleurs, tu y as cru toi ? J’ai une gueule à vivre
heureux tu crois ? A ton avis pourquoi je suis assis dans mon break au
milieu des flammes. Juste un choix pour la paix dans le monde. Dans tes
rêves. Je reviendrai avec deux flingues et je bastoserai dans la jungle.
J’ai eu le temps de réfléchir, j’ai envie d’être malheureux et tu vas
pas me faire chier à me balancer du bonheur à la sortie de la forêt
quand les flammes ne seront plus qu’un souvenir. Jamais, je ne peux pas
oublier ce qu’on m’a fait, ce qu’ils ont fait pour que je parte dans
cette forêt. Alors dans le triste j’ai abandonné ma vie dans les flammes
et j’essaie de retrouver ces putains de chanteurs et danseurs. La pente
est sévère mais mes jambes assez solides. Ils m’ont dit que les
chanteurs et danseurs picolaient dans le bar des anciens au centre de la
ville, les bâtards, c’est pas comme si c’était loin de la forêt. Je
marche dans les rues de cette ville, les clodos dorment sur leur carton,
les autres dans des hôtels de luxe. Je suis fatigué. Les loups rodent
et viennent de bouffer un clodo sans carton. Finalement sur cette
planète faut être un putain de fils de pute pour pas se faire bouffer.
La musique diffusée dans les haut-parleurs me fiche la chair de poule, à
mon avis le IIIème Reich diffusait la même dans les couloirs des camps.
En même temps cette musique s’accroche à mes doigts qui tentent de
m’arracher les cheveux, un ange. Je suis trop mort, la croix entre mes
phalanges glisse et se brise. Mon ange. Mon cœur est libre mais faut que
je trouve les chanteurs et danseurs. J’ai passé des idées entre les
barbelés, à la limite j’ai perdu un bout de tissu, mais pas l’envie
d’éteindre l’incendie. C’est quand même dur de voir aux fenêtres des
gens si heureux, ceux qui nous regardent, nous les clodos. Maman je suis
où ? Je pousse enfin la porte de ce bar, et oui il n’y a que des
anciens et les chanteurs et danseurs sont là. Enfin de la couleur !
Toutes les couleurs parlent avec les punks et les skins, un putain de
bar mon pote. Je ne sais pas si ils ont trop joué avec les couleurs mais
ça ressemble à la fête des peintres déjantés leur bar. Un chanteur
m’invite à sa table, le projet est grand. Il me dit qu’éteindre les
flammes ne sera pas pour demain, les rêves s’envolent et j’embarque mon
sac à dos et je pars sur ce chemin, mon bonnet péruvien sur le crâne, au
milieu des pierres. Le matin est brumeux mais le chanteur me montre du
doigt la montagne. Je commence à rêver de nouveau. Oh bien sûr le chemin
est accidenté encore, j’ai rencontré un gamin KKK mettre des coups de
latte dans les boucliers des flics, mais après quoi, maître de guerre
c’est juste un monde de fous. Créer une guerre juste pour voir les
femmes et les enfants courir au milieu de la route pour serrer fort dans
leurs bras leur papa mari chéri revenu vivant du combat. Faut-il que je
retourne dans la forêt ? Non je continue, des sourires en bitume,
pleurer sur un air de violon c’est dangereux en public, mais c’est un
rêve. On est à six mois de parler de couleur de peau alors j’ai crié.
Elle est si belle avec son costume d’apparat bleu, elle est si noire. Et
l’autre pendant ce temps qui se fait sucer par les éléphant domptés à
coups de pelle. Le chemin promet d’être long, oh putain. Brûler des
pneus, pisser et chier dans l’eau potable, mettre une cagoule et un
bandana, partir vers l’affrontement et tu vas me dire que tout va bien.
Tornade. Sur le chemin je vois une fille sans visage faire du skate dans
un skate park en forme de tête de mort, juste pour vivre, juste pour le
rêve, je ne sais pas si sa religion lui permet. Drôle de mot. Et juste
derrière, en tenue de camouflage, l’autre écrit sur son casque un mot
pour la mort « GUERRE TU M’AURAS PAS » . La montagne est encore loin on
dirait, le chanteur n’avait pas tout prévu. Jésus exécuté, quelle
merde, il est toujours au milieu des débats. J’ai mal aux pieds.
J’aimerai être mineur au fond de la terre sans lumière car franchement
je ne me vois pas pompier dans les tours jumelles. Des voix par milliers
sur le chemin, des réfugiés par millier, enfin surtout dans la télé.
Ils ne viendront pas dans la forêt c’est sûr, Hirosyrie mon amour. Tu
vois quoi toi quand tu vois tout ça ? Je vois des types qui pleurent et
quand je ferme les yeux ce sont les mêmes avec des ceintures explosives,
je ne dors plus depuis. Tu as déjà vu une fillette au milieu d’un
tremblement de terre, non, alors viens avec moi sur ce chemin. Tous ces
gens sont sur la route. Alors ne me demande pas de compatir, je suis
dans la galère. J’étais beau quand j’étais gamin, avec ma baguette de
pain, en courant dans les rues de mon village. Et là BOUM fin de
l’histoire, une bombe des flammes et là je cours tout vieux avec mon
fils dans mes bras et un jour il se posera devant ma tombe et dira : »et
ils sont où les chanteurs et danseurs hein papa ? ». Et mais
franchement je n’en peux plus, je marche je marche je marche et j’ai
perdu le chemin, si au moins tu avais un verre de vin à m’offrir. Juste
un cutter des veines. Merci c’est sympa. Pas maintenant, il y a ma fée,
belle et dangereuse, assise quelque part sur le chemin, certainement en
train de fumer de l’herbe. Il faut que je vieillisse vite très vite, les
dents qui tombent dans un sourire mais je ne souris plus. Allez je m’en
fous, je vais donner à boire aux koalas, ma vie ne sera que meilleure.
Bientôt la montagne. Je vais hypnotiser les tigres et jouer de la flûte
aux chats noirs. La vraie vie quoi. Je vais peut-être arrêter la partie
4, la dernière car maintenant tu sais qui je suis et où je vais. Et
avant de me tailler les veines avec ton cutter il faut que je vois, que
je t’aime, que je retrouve ma fée. Si jamais tu as fait le même chemin,
pourras-tu me dire si la forêt brûle encore ?
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