Alors qui aura assez de couilles pour m’enfermer ? Pas ma fée elle n’a
pas de couilles pas même un zizi. Quand est-ce que quelqu’un se décidera
donc de me faire du bien en me déclarant médicalement malade à enfermer
dans un asile au milieu d’autres fous. Combien de temps dois-je encore
souffrir avant de pouvoir enfin lâcher prise dans une chambre
capitonnée, laisser enfin la place à ma folie dévastatrice, pouvoir
enfin crier sans passer pour un dingue, pouvoir me mordre au sang pour me libérer. Me donnera-t-on la possibilité d’être un lâche ?
Quand moi je vois des bombes tomber sur le sol pour déchiqueter des
enfants apeurés, toi tu ramasses ces pommes tombées du pommier pour en
faire une succulente compote pour le goûter.
Quand je hurle après
tous ces individus excités, affamés et agglutinés sur une seule planète,
toi tu prends des photos magnifiques des papillons multicolores se
restaurant sur une seule fleur de mon buddleia.
Combien de temps alors ? Combien dis-moi !
Quand je tombe dans le noir sans jamais atterrir dans une peur panique
qu’il n’y ait jamais de Terre pour m’écraser, toi tu t’allonges et tu
fermes les yeux sur mon lit pour partir dans un conte de fée.
Quand
le matin je reste accroché à ce rocher acéré le corps mutilé et en sang
la douleur perforée sur mon visage fatigué, toi tu te promènes nue
habillée d’une peau si douce dans la maison en jetant des pétales de
sourire au miroir.
Quand je meurs étouffé d’essayer de respirer à
peine la porte de la maison franchie, toi tu chantonnes une chanson
d’amour sur un air de reggae en libérant l’oxygène nécessaire à toutes
les fleurs du jardin.
Qui va se décider hein ? Alors dis-moi !
Quand je cours les pieds déchiquetés de peur de ne pas avoir assez de
temps à peine parti pour franchir cette montagne, toi tu sautes dans les
fossés pour cueillir les petites fleurs et tu cliquetonnes tes
chaussures légères sur le sol en jouant à une marelle improvisée en
jetant les fleurs sur le ciel juste après le 8.
Alors vois-tu, je
pense que là où tu vois une pièce vide, noire, déprimante, angoissante
où je vais mourir, moi je suis dans une forêt d’arbres multicolores
laissant passer le soleil assez pour me réchauffer et m’apaiser, là où
tu vois le sol froid carrelé de cette chambre sans lit sans matelas, moi
je cours nu sur l’herbe verte encore humide de la rosée, là où tu vois
une cellule fermée pour l’éternité, moi je suis enfin libre.
Alors écoute moi, sois forte, sois celle qui me sauvera…
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