Le Manu il n’écrit que la Mort, que le soir des ténèbres,
que le noir et le gris. Ouai il n’écrit que ça le Manu. En même temps je n’écris
que la nuit…quand le peuple commence à s’évaporer dans des draps molletonnés.
Alors tu veux quoi ? Tu veux que j’écrive la nature, des couleurs, des
arcs en ciel ? Tu veux que je te parle de cet enculé de chat qui déclenche
mon alarme pour boire dans mes arrosoirs ? Ce fils de pute que je découpe
en tableaux quand je cours la bite à l’air avec un couteau planté dans le bras,
les poils s’éjectant violemment des pores, dans mon jardin en pleine nuit. C’est
de lui que tu veux que je parle ? Ou alors préfères-tu que je te parle de
ces pétasses de limaces qui boivent de la bière avant de croquer mes salades.
Ces connasses que je transperce d’un pic à brochette et que je bazarde chez le
voisin sur la gueule de son chat. Ou peut-être veux-tu que je te raconte l’histoire
de ces oiseaux qui picorent des graines invisibles dans mes gouttières en zinc
à quatre heures du mat ? Ces bâtards qui couchent tous entre eux,
incestueux et pervers. Ces piafs écervelés qui se fracassent la gueule contre
mes baies vitrées dans un bruit infernal. Les mêmes qui construisent des hôtels
dans ma toiture et font la fête jours et nuits. Tu veux que je te parle de ces
enculés là ? Ou alors encore veux-tu que je te parle de ce débile de hérisson
qui s’écrase dans ma cours anglaise, qui épuisé me réclame la pitié, celui qui
est censé bouffer les connasses dans mon jardin, juste à côté des salades, le
même qui préfère s’écraser comme un connard dans la cours, sans aucune issue
possible. Lui que je secoure plus de trente fois dans l’année. Alors de qui
veux-tu que je parle ? De cette taupe, soi-disant aveugle mais qui arrive
toujours à perforer mon gazon, mais pas celui du voisin, non non juste le mien,
trop aveugle parait-il. Cette même taupe que j’avais au bout d’un coup de pelle
mais qui a profité d’un moment de faiblesse, cette salope, pour se tirer et s’enterrer.
Connasse. Tu veux que je te parle de ces pucerons qui saccagent toutes mes
plantes, surtout mes rosiers, les rosiers de ma mamie. Tu veux que je te dise
que j’ai acheté à prix d’or des coccinelles pour leur faire la peau à ces
chiens galeux. Ces mêmes salopes qui ont déserté mon jardin pour aller voir
ailleurs, ces déserteuses qui étaient censées sodomiser les pucerons. Tu veux
que je te parle de ce Manu qui coure avec un verre de vin blanc à la main pour
s’étaler dans son putain de gazon, un soir d’été, en criant halleluya quel
bonheur et qui deux secondes après hurle après son abruti de clébard qui a chié
juste là où je m’écrase, lui qui a choisi sur les 1100m² l’endroit où j’irai.
Tu veux que je te parle de ce chien ? Ce fils de chien qui sniffe le
cul de tout le monde. Ouai Ouai ouai. Alors oui j’écris du noir, oui je veux me
tailler les veines chaque jour que Dieu fait, et ouai, surtout ouai, j’ai envie
de me resservir un verre de vin, ce même vin qui a vu cet enculé de chat, qui a
vu ce chien débile lui pisser dessus, qui un jour a croisé les connasses de
limaces et qui a certainement entendu ce hérisson se casser la gueule dans un
trou. Alors oui je vais te raconter des histoires, le soir, dans le fond de tes
cauchemars, oui je vais mourir demain, enfin j’espère.
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