lundi 11 mars 2024

JE SUIS LA VARIABLE

 


Depuis l'âge de neuf ans, j'ai toujours tout calculé, anticipé, pour finir que cela devienne une passion pour les mathématiques, les chiffres mais surtout les problèmes et leur putain de solution. J'ai toujours adoré ça sans jamais en être parmi les premiers, parce que je prends mon temps, parce que quand la solution est trop évidente ça me fait chier et je m'ennuie. Je gère ma vie depuis comme cela, à me torturer l'esprit pendant des mois, des années, alors que j'ai la solution. J'en rajoute, des x, des y, des omégas. Mais depuis quelques années je m'interroge, mais j'ai surtout tellement d'inconnues que l'équation en devient illisible, incompréhensible, alors que je sais faire, il suffit de supprimer les lettres en trop, qui n'ont rien à faire dans l'équation et que je me suis amusé à ajouter, pour rien, ou pour me faire souffrir peut-être et surtout quand même. Pour me faire douter c'est certain. Parce que encore une fois c'était trop facile. Et là j'ai un beau problème, magnifique, avec ce qu'il faut d'inconnues pour en faire des pages de calculs, j'en ajoute encore un peu parce que à peine posé le problème que j'avais la solution. Pas grave, j'en ai ajouté, juste pour le suspens, juste pour avoir quelques années de plus à devenir fou. Mais quand toutes ces équations commencent à faire du mal autour de moi, je pense qu'il est temps de prendre l'ardoise et de poser clairement les lignes de calculs, à la limite jeter l'éponge et la craie pour prendre un marqueur bien indélébile. Parce que je sens que ça patine, que je sillonne en rond et là, ça va trop vite, beaucoup trop vite, je reviens trop vite au moment où je pose l'égal, où je sais que j'ai la solution mais... encore quelques inconnues, le faut-il ? La solution peut résoudre tellement de problèmes posés chaque année, en pile, les uns sur les autres, je peux tout faire tomber d'un coup. Mais ce n'est pas sans conséquences. Il faut apprendre à n'en avoir rien à foutre. Je n'en ai plus rien à foutre car je sais que les conséquences seront moins importantes que la solution, maintenant je le sais, hier je ne le savais pas, à neuf ans je ne pouvais pas le savoir. A cinquante cinq et quelques problèmes plus loin, cela devient carrément une évidence. Tout mon entourage en souffre, en silence, surtout sans le savoir, car ils n'ont jamais posé tous ces calculs, ils vivent leur vie, mais en souffrance, avec le manque de solution. Ce moteur de l'intelligence qui se trouve derrière l'égal, à quelques variables près, est tellement simple. La seule variable à faire sauter, c'est la résistance, et je suis fatigué de résister. J'ai la solution mais je ne peux pas la poser vivant, parce que certaines variables résistent contre moi. Je sais exactement le résultat derrière cet égal, sans un si et seulement si, mais vraiment sans si, un vrai résultat après de nombreuses années de calculs, la solution aux problèmes de mes proches, si je me fais sauter la variable avec un peu de courage j'ai le chiffre derrière l'égal ! Et le plus kiffant dans ce résultat, c'est que je le connais depuis presque quarante ans quand je m'éclatais les phalanges contre les murs...
Madloonflayed©-2024- Ce soir j'étais prêt, j'ai juste eu peur du bruit.
 
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