Et voilà c’est terminé, peu de réseau, ou pas de réseau, en fait je m’en branle j’avais pas l’intention de me connecter pendant cette semaine, juste envie de vivre en ne pensant qu’à moi, qu’à nous avec ma fée et mon zimzim. Mission réussie. Juste envie de fuir les meurtres, les religions, les cons, les gens surtout. Mission réussie. Un peu de pluie pour faire fuir les derniers connards sur les sentiers de rando, et me voilà au milieu de la forêt, juste sur la crête des sommets, glissant sur une merde de montbéliarde, remplissant mes crampons de terre, dégoulinant de pluie jusqu’au slip, rigolant le cul sur le bord d’une falaise trempé, regarder ma fée sourire enfin et rire aux éclats devant ma gueule ébahie devant six ou sept chamois, hurlant de froid en slip pour aller chercher une buche pour la cheminée en pleine nuit, buvant une bière glacée au lait de vache, marchant vers la source de la Saine, m’éclatant la cheville sur une putain de caillasse de merde que j’avais pas vue car j’avais la truffe vers les airs, pissant devant la Suisse que l’on a jamais vue la gueule fouettée par les vents ascendants le long du Mont D’Or. J’en passe encore. Jamais ma fée ne m’a jamais entendu si peu parler pendant une semaine, presque muet, juste écouter le froid, le vent, la pluie, le bruissement des feuilles des arbres, regarder les feuilles d’automne tomber sur le sol, les ramasser, les mettre dans ma bouche, j’avais vraiment envie de devenir complétement fou et de lâcher prise, mission réussie. Ma fée m’a pris le visage entre ses mains, il était tard et la nuit commençait à tomber sur ce chemin de rando, j’avais un peu trainé à un sommet, et elle m’a dit qu’enfin elle retrouvait le taré qu’elle avait épousé, celui qui peut rire quand il tombe dans la boue, celui qui peut lécher une roche en plein milieu d’un chemin, celui qui peut tomber à plat ventre sur la terre et l’embrasser, celui qui peut parler à une fleur pendant presque 17 minutes (elle a regardé sa montre…), celui qui peut se niquer l’épiderme jusqu’au sang sur un barbelé juste pour remettre sur le ventre un coléoptère qui était sur le dos, celui qui peut ne plus bouger du tout en fixant l’horizon sans jamais cligner des yeux, celui qui peut enfin dire qu’il veut rester en vie pour revivre au moins une seule fois tout ça. Mais c’est fini, j’ai rebranché l’ordi, j’ai regardé les infos, j’ai vu la tête de ma liberté d’expression tomber à nouveau sur le sol dans un bruit de sang, j’ai vu des feux couvrés, j’ai vu… Excusez-moi si jamais je ne reviens pas sur terre, excusez-moi si je ne vous regarde plus dans les yeux, excusez-moi si je ne comprends plus ce que vous me dites mais je sais que je ne suis plus à ma place ici, alors je vais me laisser partir dans mes délires, ma fée est d’accord, je vais glisser doucement vers mon 7èmesous-sol, creuser encore un peu, remplir quelques cahiers, je vais parler tout seul, je vais rêver tout seul… Ma fée est d’accord, c’est pourtant jamais bon signe, elle sait qu’elle va me perdre à nouveau, elle sait que mes freins ont lâché dans la descente, elle sait qu’il ne faut jamais me retenir mais elle sait surtout que je l’aime et que même écorché vif je vais rester vivant, encore…
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