vendredi 23 octobre 2020

ON EST LIBRE


J’ai pris la planète je l’ai peinte en bleu et tout a disparu, transparente, du coup j’ai tout vu à travers et je n’ai rien vu, pas d’humains, pas d’animaux, pas de vie, tout s’éteint. Un lit pour trois allez hop j’ai trois pailles on va jouer, qui va vivre, un deux trois soleil docteur. J’ai ouvert le cœur d’une Chevrolet pour finir au fond des poumons, impossible de respirer ça fait juste du bruit et ça va me tuer. Faut changer la machine, faut changer la machine, ahhhhuuuuurrhhh, faut changer la machine, ahhhhhuuuuurrrhhhh. Allumer les phares, plié dans le noir, j’ai disparu et touché les piquets du parc, fermé à vingt et une heure avec les flics au cul pour une histoire de dormir debout sur un piquet de parc faut pas déconner quand même, me voilà assigné à résidence pour avoir fui la maladie le seul problème c’est que je n’ai pas de toi ni de lui ni de elle et il faut que je note tout ça sur du papier cramé en joint de filtre, la police n’a plus le temps de déplier les filtres, tout se passe en direct, les prunes les mirabelles et les pommes sans oublier les poires, l’attestation sur l’honneur que j’ai envie de pisser dehors, c’est abusé.  J’ai ouvert un livre, arraché les pages, refait des filtres, écrit le thème à la folie un peu beaucoup à la folie pas du tout au verso et présenté le recto, allez hop assigné à résidence encore une fois. J’ai l’air fatigué il parait, les yeux enfoncés dans le noir mais on s’en fout, on va tous dormir, beaucoup, et les artistes vont plonger la tête dans l’oreiller les larmes et le maquillage en peinture sur les couvertures les tripes à l’air pour lécher les quelques billets lancés du haut de la tour, échec et paf, comme un frifri lancé dans l’eau glacé d’un lac de haute montagne par une salope bachelière qui crie va chercher. C’est bien mon titi, c’est bien, bon chien ça. La perm à la culture, les couches en lasagnes, ça évite d’arroser, fallait s’y attendre, pas d’eau pas de spectacles, pas de vie, la planète transparente. Et sinon manger sur la paille c’est bien ? Y a plus faim monsieur, y a plus envie monsieur, plus de specTables vivantes après vingt et une heure monsieur, faut adapter ton flux, ton rectum, ton anus, changer d’heure d’été, c’est la canisole, une sorte de grosse chaleur avec un truc qui se ferme dans le dos très chaud et des murs capitonnés pour la tranquillité. Il parait qu’il y a des primes à l’isolation, rentre seul, parle seul, tousse tout seul, meurt tout seul, évite de faire chier le monde bordel. Je vais finir par m’immoler par le couvre-feu, encore un échec et paf, tout est couvert, pas d’oxygène pas de feu. Alors je vais faire comme les oiseaux, me balancer en regardant tout de haut, regarder le soleil partir, regarder mourir les chants des autres, regarder et me taire sur cet arbre et au pire tomber par terre et me faire bouffer par un chat. Ce sont les seuls à pouvoir sortir et ils sont tous aigris. Comment tu vois l’espoir ? Utopique.

Madloonflayed©-2020- vingt vingt et quelques et respire encore.


 

samedi 17 octobre 2020

DE LA TERRE SOUS LES CRAMPONS


Et voilà c’est terminé, peu de réseau, ou pas de réseau, en fait je m’en branle j’avais pas l’intention de me connecter pendant cette semaine, juste envie de vivre en ne pensant qu’à moi, qu’à nous avec ma fée et mon zimzim. Mission réussie. Juste envie de fuir les meurtres, les religions, les cons, les gens surtout. Mission réussie. Un peu de pluie pour faire fuir les derniers connards sur les sentiers de rando, et me voilà au milieu de la forêt, juste sur la crête des sommets, glissant sur une merde de montbéliarde, remplissant mes crampons de terre, dégoulinant de pluie jusqu’au slip, rigolant le cul sur le bord d’une falaise trempé, regarder ma fée sourire enfin et rire aux éclats devant ma gueule ébahie devant six ou sept chamois, hurlant de froid en slip pour aller chercher une buche pour la cheminée en pleine nuit, buvant une bière glacée au lait de vache, marchant vers la source de la Saine, m’éclatant la cheville sur une putain de caillasse de merde que j’avais pas vue car j’avais la truffe vers les airs, pissant devant la Suisse que l’on a jamais vue la gueule fouettée par les vents ascendants le long du Mont D’Or. J’en passe encore. Jamais ma fée ne m’a jamais entendu si peu parler pendant une semaine, presque muet, juste écouter le froid, le vent, la pluie, le bruissement des feuilles des arbres, regarder les feuilles d’automne tomber sur le sol, les ramasser, les mettre dans ma bouche, j’avais vraiment envie de devenir complétement fou et de lâcher prise, mission réussie. Ma fée m’a pris le visage entre ses mains, il était tard et la nuit commençait à tomber sur ce chemin de rando, j’avais un peu trainé à un sommet, et elle m’a dit qu’enfin elle retrouvait le taré qu’elle avait épousé, celui qui peut rire quand il tombe dans la boue, celui qui peut lécher une roche en plein milieu d’un chemin, celui qui peut tomber à plat ventre sur la terre et l’embrasser, celui qui peut parler à une fleur pendant presque 17 minutes (elle a regardé sa montre…), celui qui peut se niquer l’épiderme jusqu’au sang sur un barbelé juste pour remettre sur le ventre un coléoptère qui était sur le dos, celui qui peut ne plus bouger du tout en fixant l’horizon sans jamais cligner des yeux, celui qui peut enfin dire qu’il veut rester en vie pour revivre au moins une seule fois tout ça. Mais c’est fini, j’ai rebranché l’ordi, j’ai regardé les infos, j’ai vu la tête de ma liberté d’expression tomber à nouveau sur le sol dans un bruit de sang, j’ai vu des feux couvrés, j’ai vu… Excusez-moi si jamais je ne reviens pas sur terre, excusez-moi si je ne vous regarde plus dans les yeux, excusez-moi si je ne comprends plus ce que vous me dites mais je sais que je ne suis plus à ma place ici, alors je vais me laisser partir dans mes délires, ma fée est d’accord, je vais glisser doucement vers mon 7èmesous-sol, creuser encore un peu, remplir quelques cahiers, je vais parler tout seul, je vais rêver tout seul… Ma fée est d’accord, c’est pourtant jamais bon signe, elle sait qu’elle va me perdre à nouveau, elle sait que mes freins ont lâché dans la descente, elle sait qu’il ne faut jamais me retenir mais elle sait surtout que je l’aime et que même écorché vif je vais rester vivant, encore…
Madloonflayed©2020- Ne me laissez plus jamais revenir sur terre….

 

dimanche 4 octobre 2020

IL FAUT STABILISER LES BIÈRES


Je traverse le couloir presque en courant, le but ? Ne voir personne, en plein midi, au boulot. La mission ? Aller de mon bureau installé près des poubelles d’un des plus grand centre de rééducation de meurthe et moselle vers les bureaux dorés de l’autre côté du canal pour y déposer mes dossiers sans voir personne. Neuf fois sur dix ça marche. Et cette semaine je n’ai pas pu fuir. «  Tu as une petite mine Manu, ça ne va pas ? » Mission échouée. « Si bien sûr ça va j’ai juste envie de mourir et toi ? ». Cette collègue est vraiment inquiète, en même temps elle me connait bien. Et au bout de trois minutes de conversation elle me conseille d’aller voir une hypnothérapeute, ça a marché pour elle… Je suis rentré chez moi avec une carte professionnelle d’une hypnothérapeute. L’idée me parait pas mal, finalement si je pouvais enfin me débarrasser de mes angoisses, de mon stress, de mes crises de panique, pourquoi pas. J’en parle à ma fée au repas. Froidement, elle me regarde droit dans les yeux en posant sa fourchette dans son assiette, pose ses mains sur la table et me dit : « Le jour où tu m’annonceras que tu vas bien je mettrai de la thune de côté pour la crémation !!! » En quelques mots ma fée a résumé mon existence sur terre, elle est explosive des fois. Que veux-tu que je sois ? Elle a raison, mon malheur, mes douleurs, mes angoisses font de moi ce que je suis, toutes ces peurs nourrissent mes pensées, mes phrases, mes textes, mes journées entières dans mon 7ème sous-sol  en solitaire à pleurer, à hurler, à écrire, à taper des poings contre les murs jusqu’à exploser mes phalanges. Demain si je suis calme dans un fauteuil c’est que j’ai arrêté de respirer. J’ai déchiré la carte de cette hypnothérapeute avec les dents et je l’ai avalée. LAISSEZ-MOI HURLER BORDEL. LAISSEZ-MOI ETRE MALHEUREUX. LAISSEZ-MOI AVOIR PEUR…

Madloonflayed©2020- n’essaie même pas le bouche à bouche, il y a le covid.


 

samedi 3 octobre 2020

VVG …LE SUD…LA FOLIE…ET 2020.

 


Vincent l’exprimait par la couleur, cette vie, des tourbillons de lumières, jusqu’à en devenir fou, à s’enfuir vers l’infini. Comment peindrait-il cette couleur, ces images, ces deux petits vieux dans leur belle maison paisible au milieu des flots ravagés par une tempête qui appellent à l’aide avec une pauvre lampe torche en fin de vie et finissent engloutis dans un vrouuufff et plus rien. Adieu la vie, adieu les couleurs du sud, adieu mes ptits vieux. Vincent n’aurait pas pris une balle, Vincent se tirerait une balle dans le cœur. Je suis anéanti, je vais prier toute cette nuit pour mes ptits vieux derrière leur fenêtre appelants à l’aide avec leur pauvre lampe à piles et se noyant dans ce torrent de folie, peut-être en se tenant la main, si seulement. Adieu la vie, adieu les couleurs, adieu mes ptits vieux, adieu 2020.

Madloonflayed©2020 – Je n’ai pas encore de cartouches…