Le déconfinement est une épreuve. La vie est une
épreuve. La connerie des autres est une épreuve. L’humain pour moi est
une épreuve. C’est quoi ce virus déjà ? Un mutant de la fin du monde ?
Un extraterrestre sur Terre ? Il vient du réchauffement climatique ?
C’est Miss couette qui l’a inventé ? Alors je vois bien que tu es tendu.
Que tout ce merdier t’a bien affecté. Que demain ne sera pas hier. Que
respirer sans poumons n’est pas trop ton avenir. Les matchs de foot
improvisés par des espèces de singes sans queue ni tête t’empêchent de
dormir. Et tu sais pourquoi ? Parce que tu es un homme, une femme, un
fils, une fille et que la vie de tes proches t’arrache le cœur. Alors
ces singes qui font nimp… Je te sens tendu. Trump qui twixxx sans doigt
ni coupe faim, le covixxx19, les koalas qui brûlent des pattes jusqu’aux
oreilles, les plages bondées sans parasols, la canicule qui niquerait
la pandémie, les municipales avec des maires morts, Belloubet qui
couchent avec les intermittents sans les toucher du cul, les fusillades
alors que je n’ai même pas deux balles à dépenser, les pestacles nivants
qui demandent où sont les spectacles vivants et les autres qui
balancent leur pesticides, les restaurants sans gens, les french days
qui tentent de rallumer la flamme, le ramadan dans les rues et les
moutons qui se planquent de peur de voir arriver le gign, je sens que tu
es tendu. Je te le dis tu es tendu. Du coup je me suis questionné et je
pense que tu as besoin de t’évader, partir sans dépasser 100kms et que
je suis peut-être le seul à te l’offrir, ce fameux voyage, loin, plus
loin que 100, plus loin que rien. Alors je vais te raconter cette
histoire vraie, que j’ai vécue, qui fait que je suis ce que je suis.
L’histoire s’appelle COTON, je viens de la ressortir de mon cerveau,
rien que pour toi ? Je vais l’écrire en direct live
bfmcnewsdirectsansfiltres.
COTON
L’envie de parcourir ce chemin
s’est enfin réalisé, quelques plans, quelques pages, quelques
sandwiches, quelques eaux et me voilà sur ce chemin quelque part dans
les Vosges. Départ sportif histoire de casser la bedaine, je ressens
vite le besoin de mettre les sens en éveil. Arrivé au sommet de cette
petite montagne je m’autorise cette pause, je mange ces sandwiches,
j’étouffe d’eau. Je m’allonge sur le dos et ne pense plus à rien. Et une
masse ombrageuse me survole. Je me redresse. Un oiseau, somme toute
assez grand, vole au-dessus de moi. Je ne connais pas ce piaf immense,
il est beau, de belles couleurs et je le regarde faire ses cercles
majestueux dans le ciel bleu azur gris vosgien. Au bout de quelques
minutes je suis comme hypnotisé. Mais la pause est terminée, il me faut
rejoindre le sentier du bas et filer jusqu’au parking. La nuit en
montagne, le vent en montagne, le soleil en montagne, un seul nuage en
montagne et tu comprends qu’il te faut rester vigilant, sûr de toi, même
dans les Vosges. Je suis cette croix jaune, figée sur ces arbres qui
n’ont rien demandé, d’ailleurs on ne les regarde même pas alors que ce
sont eux qui portent les pancartes qui te donnent la direction, un peu
comme les humains qui se cassent le cul à faire tourner le Monde sans
qu’on les regarde. Et d’un coup une ombre, cet oiseau qui passe d’arbre
en arbre, juste au-dessus de moi dans cette trouée d’arbres. Perte de
connaissance ou tête en l’air j’ai le museau vers le ciel, sans me
soucier de ce chemin, j’avance en regardant cet oiseau, une sorte
d’invitation à la débauche, à la négligence. L’oiseau, mon oiseau, est
posé sur le sol, au milieu du chemin, je m’approche, tente de sortir mon
appareil photo, je m’approche encore, il reste là, sans bouger, juste
sa tête qui fait des 180° en signe d’interrogation, genre mais qui c’est
ce connard sur ce chemin qui marche comme un héron, doucement je
m’approche…et il s’envole dans un flap flap bruyant. N’empêche que je
continue car il se fait tard. Je sors de cette forêt en suivant ce
sentier, parcours un pré, un verger, un champ, une lueur, un soleil et
un oiseau, toujours là, au-dessus de moi, je crois que nous sommes amis
maintenant. Je stoppe, regarde en l’air et il est là, en vol circulaire
et d’un coup il fonce vers moi, je n’ai même pas eu le temps de faire un
mouvement de retrait, il atterrit juste là, à mes pieds, il sautille
jusque mes chaussures, j’ai même eu l’impression qu’il me les sniffait,
ça sniffe un oiseau ? J’ai eu le temps de l’observer, sans bouger,
stupéfait, du vert du jaune du bleu des reflets magnifiques, cet oiseau
est magnifique. Je lui lance un « comment qu'c'est euhhh gros ? » et il
s’envole. Je continue car il est franchement très tard, j’accélère le
pas, je vois le lac en dessous, je suis bientôt arrivé, je jette mon
regard vers le ciel et l’oiseau est encore là, j’ai même aperçu des
dessins dans le ciel si il avait eu des fumigènes au cul. Je lui parle,
fort, comme un vieux couple qui se parle de la cuisine au salon avec le
son de la télé à fond, et il me regarde, je sens qu’il me regarde, il
me comprend, je lui dis qu’il est beau, je suis apaisé, j’ai enfin un
ami, un véritable ami. Mon pas est carrément joyeux, on dirait un gamin
qui joue à la marelle sans jamais perdre, je suis avec mon oiseau, mon
copain, mon seul ami, le lac approche et le parking aussi, je dirai
quelques minutes, une heure si je traine un peu. Je suis tellement
détendu, je suis au paradis les yeux ouverts, cet oiseau, que dis-je,
mon ami des airs me réjouit. Je continue, le nez en l’air, on se parle,
je lance quelque piou piou et il me répond, le bonheur ! Encore quelques
minutes, je décide de prolonger le bonheur, je longe le lac et remonte
dans la forêt, je regarde en l’air…il est encore là, c’est vraiment mon
ami, nous ne pourrons plus jamais nous séparer. Je reviens sur mes pas,
il faut que je rentre, je lance des baisers vers mon ami, haut dans le
ciel, il me répond…je m’allonge, je lui parle et BAM BAM, deux
détonations, l’oiseau, mon ami tombe juste à côté de moi, il n’a plus de
tête, le corps en sang… je reste pétrifié, je le prends contre moi, son
corps est chaud, quelques plumes tombent encore du ciel….c’était mon
ami…le seul….et ils l’ont tué. J'ai réussi à te détendre ou....
Madloonflayed©-2020-Honnêtement, tu as cru que je pouvais être heureux
juste deux minutes ? Oublie, je suis un corps triste avec un esprit
triste.