Assis, nous sommes là à passer quelques minutes de notre vie
devant la télévision, à regarder un documentaire sur les prédateurs à
Yellowstone. Il n’y a pas à faire, nous nous nous faisons carrément chier. Et
puis l’attention nous gagne grâce au narrateur. Mais plus encore, les prédateurs
nous effraient, nous font reculer dans les coussins de notre canapé. La tension
monte, les grizzlis se montrent impitoyables, les pauvres wapitis se font
dévorer, les bisons se retrouvent dans des pièges de glace, la pizza chorizo
est dans le four, les bébés wapitis courent affolés et d’un coup la pizza est
prête, le four sonne. Mais plus intense encore il y a Queue Noire, le loup
solitaire, il dévore bison, wapiti….Un redoutable prédateur qui n’a pas de
famille, pas de clan, pas de meute. Le chagrin est à son comble quand il se
fait attaquer par la meute la plus terrible de Yellowstone et surtout quand on
le voit sanguinolent, marchant difficilement dans la neige. La pizza est
presque froide. Mais énorme ouf de soulagement, je lâche un oh doux Jésus il
est vivant, il s’en est sorti, qui surprend et fait sursauter ma fée calée dans
le creux d’un coussin. Et elle me regarde, intriguée et me dit : «
mais t’es un peu zinzin comme gars, genre maintenant qu’il fait partie de la
meute et qu’il bouffe de pauvres bébés wapitis, des bébés bisons, mais que
Queue Noire soit vivant te réjouit ???!!! Il y a dix minutes tu pleurais
parce qu’il était attaqué et seul au monde et là tu hurles car il est vivant…mais
t’es zinzin mon gars !!! » Oui mais Queue Noire, le narrateur, la
neige, le froid, ses blessures, je ne sais pas mais j’aime bien ce loup, il est
un peu ouf je trouve. Ou comment passer presque deux heures à ne rien foutre et
à regarder n’importe quoi à la télévision et alerter tous mes sens et occulter
tellement d’autre, une sorte d’hypnose, depuis vendredi 17 avril au soir, je
suis capable de faire ça, de partir sur rien et d’y plonger complétement,
malgré les risques, aujourd’hui c’était la télévision avec un reportage, hier c’était
sur un mot, demain ce sera peut-être une falaise, je vais essayer de relire,
intensément pour sortir de mon corps le plus longtemps possible, ouai je sais
encore faire ça. Plus jeune à l’internat, j’étais capable de me promener dans
les couloirs en pleine nuit, aller jusqu’au bureau du surveillant, visualiser
ces gestes et le voir se lever pour son tour de garde, sans jamais me lever et
sortir de mon lit…j’ai fini tout seul dans une chambre de quatre, mes potes m’ont
viré quand ils ont vus que j’étais capable de les toucher sans sortir de mon
lit. Il faut que je sorte, il faut que je m’enfuie, je suis fatigué et je vais
me reposer ailleurs, plus loin et moins triste. Mon corps est triste, mon cœur trop
triste, mon loulou poilu me manque, il faut que je sorte de moi !!!!!
Madloonflayed©-2020- Mais quelle année de merde !!!!!
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