dimanche 23 décembre 2018

CES ENFANTS D'HIER


Tu te rappelles, je ne dors que quelques heures par nuit et cela me permet de me rappeler tous mes rêves, je viens de réussir à m’immerger de nouveau dans celui de cette nuit et j’ai appris par ma fée que j’étais un peu agité, alors je me suis dit que le mieux était de le coucher sur un cahier au HB celui-là aussi.
CES ENFANTS D’HIER
J’arrive dans mon service, je suis cadre infirmier, le responsable du secteur 4, le plus fou, le plus cruel, le plus horrible secteur. Je marche dans ce couloir jusque la chambre de Monsieur DREYNSTEN (les noms viennent d’être inventés, dans mon rêve il n’y avait pas de noms), et c’est l’agitation, DREYNSTEN convulse et il faut agir vite, il faut nettoyer la trachéo, DREYNSTEN n’a plus de jambes, il ne reste que la moitié de la poitrine, son corps s’arrête au nombril, je demande à l’infirmier de descendre la peau du coup de DREYNSTEN, un peu comme une chaussette que l’on enlève, tout est à vif et je nettoie cette trachée, enlevant tout cette bouffe qui y est coincée. L’infirmier remonte la peau du cou, on referme la fermeture, DREYNSTEN sourit….pour le moment. Je dois prendre l’escalier pour aller au premier sous-sol sauf que l’escalier n’y va pas, alors je reviens vers l’ascenseur, un type est en colère car je dois descendre et lui monter, il finit par prendre les escaliers, j’arrive en bas et il faut que je trouve l’éco-sociale…mais je ne sais toujours pas pourquoi, mon rêve ne me le dit pas, et puis c’est qui l’éco-social, il sert à quoi. Toujours pas de réponse à 21h05. Mon bipper me rappelle au secteur 4, Mme LAUREN vient de chuter de son lit, elle ne va plus à la selle et cela devient compliqué, Mme LAUREN n’a plus de tête, son corps commence au nombril et finit aux pieds, pas de tête, pas de poitrine, juste une paire de jambes. Il faut dégager les voies, l’infirmier est encore avec moi, on lui soulève les jambes et lui ramène au-dessus du nombril, il faut que ça sorte quoiqu’il se passe. Je me retrouve dans ce couloir, toutes les chambres sont au rouge, tout le personnel soignant m’attend de partout, Monsieur GHYNOU ne supporte plus d’avoir le bras gauche à la place du droit, je ne sais pas qui a fait ça, mais cela ne m’arrange pas, j’ai beaucoup trop de travail pour gérer des erreurs comme celle-là. Il me faut voir l’éco-social mais bordel dites-moi pourquoi ! Je reprends l’ascenseur mais il monte cette fois-ci, secteur 7, Joeffrey me dit que Monsieur SAMUEL s’est enfuit, il est forcément dans le bâtiment mais où ? SAMUEL est sorti du secteur 4 il y a quelques jours, nous avons réussi à stabiliser le fait qu’il avait un pied à la place du nez, surtout la prouesse était de lui faire croire qu’il avait des jambes, car lui non plus n’avait plus de jambes. Une prouesse si l’on veut car depuis il court partout…mais sans jambes. Un ver de terre au milieu de l’hôpital. On le retrouvera c’est certain, comme à chaque fois. Tout le monde hurle au secteur 4, c’est horrible tous ces cris qui proviennent des chambres et je me réveille en sursaut, assis dans mon lit, ma fée pousse un soupir de désolation, je me lève et finis aux toilettes, debout une main contre le mur, complétement abasourdi, il est 2 ou 3 heures du matin, mon t-shirt est trempé, j’ai peur et je vois SAMUEL filer vers la porte du sous-sol… Je n’ai pas redormi.
Alors franchement j’avoue qu’au début quand j’ai compris que je pouvais me rappeler de mes rêves j’ai adoré, ce dimanche j’ai compris que cela devenait de plus en plus compliqué de vivre avec ça, car il y a une semaine j’ai enterré WILLIAM vivant dans un trou de 93 centimètres de diamètre sur 93 centimètres de profondeur et j’ai tassé la terre de mes pieds lui écrasant les doigts qui creusaient la terre jusque que plus rien ne bouge sous mes pieds. La pièce était humide et il n’y avait pas de fenêtres…je me suis réveillé à moitié étouffé… Il y a quelques jours je me suis réveillé en m’arrachant les cheveux, ma fée a été obligée d’hurler pour que je sorte de ce coma éveillé, j’étais en train de trainer derrière mon panzer SOLENE attachée par les mains et elle devait courir aussi vite que j’accélérais jusqu’à ce qu’elle tombe et soit trainée sur le bitume la peau en lambeaux les os à nus griffant le sol.
Le souci est que toutes ces images défilent toute la journée en accéléré, en continu et je dois aller travailler, ranger des cartons et dire bonjour à des gens, rester souriant alors que j’ai SAMUEL en fond d’écran derrière mes pupilles qui se traine sur le sol le corps en sang dans le couloir du secteur 4.
Je sais que je vais devenir complétement taré dans peu de temps, les images s’accélèrent, il me reste mon crayon HB qui vient encore de se casser, ma fée vient de comprendre que les plantes en comprimés ne me faisaient plus rien, que l’alcool ne me fait plus rien, du moins pas aussi longtemps que l’on voudrait, elle sait aussi que mes quelques heures de sommeil deviennent une torture, alors avant de s’endormir elle me regarde les larmes aux yeux et elle me demande de rester vivant encore quelques temps, le temps que ce soit le moment de partir, quand mon corps ne pourra plus supporter toute cette merde qui me terrorise, ma fée m’a dit ce matin qu’elle me donnerait l’autorisation de me détruire définitivement quand elle verra que je ne sortirais plus du tout de mes rêves…

vendredi 21 décembre 2018

CAMISOLE



« AHHHH Monsieur le facteur, dites voir vous n’avez pas un petit courrier pour moi des fois ? Bon sinon je n’arrive pas à composter mon billet de train là, je pense que la borne est foutue non ? Ah oui j’allais oublié, vous pourriez regarder les toilettes des garçons à l’école primaire, le deuxième en partant de la droite, je crois qu’il est bouché. Bon bah bonne journée Monsieur le facteur….ah non attendez, dites, il faut faire quelque chose là, cette voiture qui se gare tout le temps sur l’emplacement handicapé, moi j’ai vu le gros il n’est pas handicapé, enfin si des neurones, alors Monsieur le facteur va falloir penser à le verbaliser hein. Allez cette fois-ci je m’en vais. Ah non attendez encore, j’ai la roue gauche de ma voiture qui bloque, dès que vous avez deux minutes je peux vous l’emmener à la poste pour la réparer ? Merci Monsieur le facteur.
Doux Jésus, vas-y tue-moi tout de suite, j’en peux plus là. Ah merde ouai j’avais oublié, faut faire la demande à la poste…pffff.
Madlooflayed®-2018 – Plus proche de vous avec la poste.

lundi 10 décembre 2018

NE REGARDE PAS LE TITRE DU LIVRE, LIS LE.


On dévalait la pente comme des dingues, presque désarticulés, ne cherchant plus du tout à se retenir, chuter se relever et retomber et rouler, ma fée et moi avec mon chien collé à nos crampons usés. On crachait sur les clôtures comme des cons, masque à gaz rayonnant d’herbes multicolores, et on rigolait de nos propres conneries. Une fois en bas on recommence, à chaque fois, on pleure de douleur ou de fatigue mais ça fait presque trente ans que l’on fait les cons dans cette descente. Des fois on roule jusqu’en bas en deux minutes et on remonte encore plus vite. On trébuche dans mon chien qui n’est pas le dernier à faire des roulades. On stoppe net quelque fois, en plein milieu et on regarde le sourire aux lèvres, on se redresse et on prend le temps de regarder tout autour, un peu abasourdi par une chute juste avant, on finit par se regarder dans les yeux, écœurés de ce que l’on peut voir et on crie, t’es pas capable de sauter le premier, allez un deux trois top !!! Et on replonge dans la descente. On y prend beaucoup de plaisir, personne ne peut nous suivre, certains ont essayé et se sont pris des coups dans le menton dans la chute, ça fait trop mal du coup ils ont abandonné. Un jour notre minot nous a rejoint, il descend vachement plus vite que nous, en même temps on a quelques os de cassés et des hématomes de partout, nos descentes commencent à nous faire de plus en plus mal, mais on y prend toujours autant de plaisir. On compte jusque trois à chaque fois mais notre minot triche souvent et dévale avec mon chien avant le deux. Un jour on va se briser la nuque à faire les cons mais cela ne reste qu’une prière…..
Madloonflayed®-2018 - qui rêve d'une pente où rien ne peut s'accrocher !