Je ne suis plus libre, plus libre d’écrire comme Charlie, d’ailleurs
il n’écrit plus cet enculé, tout ça pour ça, du sang sur les trottoirs et dans
cette salle de réunion lors du carton, ceux de mes gosses au Bataclan juste
pour trois dessins bande d’enfoirés d’extrémistes, mais de qui je parle. Peut-être trop bu de la merde dans un gros
carton mais je n’ai pas les moyens d’acheter un tonneau. Mais j’ai quand même
envie de te dire que je ne te comprends plus, hier j’avais des amis qui
cherchaient un détourner un bus pour me
ramener maintenant plus personne ne me cale, de Lille à St Tropez je peux
rester ma gueule sur le trottoir je n’ai plus un seul pote qui viendra me
chercher. Et tu sais pourquoi ? Juste parce que je dis la vérité tout le
temps, je n’arrive pas à te dire je t’aime si je ne t’aime pas, il n’y a qu’à
mon patron que je dis que je l’aime sans le regarder dans les yeux alors que j’aimerai
bien le plaquer, mais dans la vraie vie je suis un putain de terroriste des
mots et je balance des vérités qui énervent, je te demande où tu es dans ton
bar à côté des migrants qui ne paient pas leur conso, alors à chaque respiration
je me demande si le couteau que tu as pris dans le dos dans le métro ne te fais
pas réfléchir. Mais apparemment pas. Alors il faut faire la guerre, mais à chaque
fois que je l’écris je perds deux trois lecteurs. Stop ! Juste un moment
je vais vivre comme toi, je prends des calmants pour faire ce test crois-moi,
je me promène dans la rue, pas loin juste à Nancy, je suis dans la galerie
Saint Seb et je souris sur le chemin. Je vais faire mes petites courses, je
vais chez VenGhour ou un truc du genre c’est
compliqué mais c’est tendance, deux trois casquettes détruisent mon silence,
même ma trajectoire, un pauvre gars m’incendie au feu place Carnot, il est
paumé, je vais à ma banque mais je ne peux pas retirer ma tune c’est trop
dangereux, mais je rentre chez moi et je regarde la télé et direct le 20h et je
me dis que tout va bien, je ne peux plus respirer mais pour aimer il faut que
je ne la ramène pas, alors je suis toi dans ta bouche et je dis à tous ceux qui
m’écoutent que tout va bien. Voilà comment tu vis, un pantin putain. Moi quand
je vais à Nancy j’ai deux trois connards qui viennent me chercher la merde et
comme je suis trop cramé alors j’ai juste envie de distribuer deux trois
gifles, alors je me raidis, alors je bois un coup dans ma bouteille et je
continue, je veux juste aller à la Fnac, devant la Fnac il y a un pauvre
connard noir qui me prend la tête, je suis riche lui il vient d’Irinée ou d’Irithnée
ou de ne je ne sais où c’est un migrant, je suis juste en phase entre un kick
dans sa gorge déployée ou un bon coup dans ses couilles d’enculé, mais je finis
par lui dire que c’est un lâche et que ce n’est pas ici qu’il faut qu’il se
batte mais dans son putain de pays, alors il baisera sur ma tombe cet enfoiré
une fois que mon pays sera envahi, alors ouai je vais te dire toi qui lis ces
mots les poils hérissés en mode mais le Manu c’est un putain de facho en fait, je vais te relire les paroles d’un sage qui
dit qu’il faut recueillir les migrants, qu’il faut les aider du mieux que l’on
peut, il faut les éduquer, il faut régler le problème dans leur pays mais
surtout, surtout, il faut les renvoyer chez eux pour qu’ils se battent et
reconstruisent leur pays, parce que sinon ce n’est qu’une putain de guerre
civile dans tous les pays qui nous guette, alors donne-moi la main si tu veux,
je suis un pacifiste avec une kalach, parce qu’il ne faut pas me faire chier.
Je n’ai qu’un seul drapeau mais il est blanc. Comment veux-tu que je me batte,
je n’aime pas la guerre, je n’aime pas non plus les armes, j’ai pourtant écris
des tonnes de missives pendant la guerre du Golfe pour donner des infos
stratégiques sur le terrain, j’ai même été décoré par la Défense Nationale de
mon putain de pays bordel, j’ai combattu la chiasse dans mon slip collé sur mes
couilles mais je n’ai rien lâché…et aujourd’hui il faut que je baisse les yeux
dans la rue, juste parce qu’il n’existe plus ce putain de pays…mais t’y as cru
toi ! Alors pour éviter de crever comme un con avec 37 coups de couteau
dans le corps je ne sors plus, ça fait plus de quatre mois que je ne mets plus
le nez dehors, je ne vais plus à aucun concert, je ne vais plus chez mes potes
de Chez Paulette alors que j’en crève d’envie, je me suis enfermé dans une
pauvre vie boulot dodo, bah ouai j’ai pas de métro, et panzer boulot dodo ça ne
rime pas. Je me suis enfermé de cette triste vie que tu m’infliges, parce que
je te sens un peu responsable de toute cette merde, surtout quand tu fermes les
yeux et que tu fais comme si tout allait bien, d’ailleurs j’ai quand même l’impression
que tous les gens que je rencontre font semblant, c’est limite flippant parce
que je suis tellement en décalage avec ça qu’à chaque fois je crois que je suis
endormi, mais non. Alors je sais que ça va exploser dans peu de temps et je te
demande juste un truc, ne viens surtout pas te plaindre car tu prendras la
première balle que j’ai déjà engagée dans mon fusil. Ouai je suis un prolo, mets
du facho avec un f pour la rime si ça te plait, je suis un renard et toi un
mouton, je me bats pour ma patrie, un putain de collabo mais toi tu te fais prendre
par le cul. Alors qui es-tu ? Ouai j’ai trop bu mais plus personne ne veut
partager ma bouteille, je suis seul recouvert de terre. A combien il est le
litre de gazole au fait ? Ah oui quand même. La France a un incroyable
talent….celui de nous le mettre bien profond. Mais on roule à 80 et je ne bois
plus au volant de mon panzer. Je me fais chier et j’attends la prochaine guerre
sinon. Et toi ? ….pfff
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