jeudi 27 juillet 2017

QUAND CE SERA LÉGAL APPELLE MOI



Des années et des années de médecine, à étudier, à bouquiner des putains de livres plus lourds qu’un âne mort, des milliers de pages de tests en tout genre, des milliards d’expériences, j’ai tout fait depuis 33 années de médecine, je suis sans prétention et sans doute le meilleur médecin que tu puisses trouver dans ton univers et pourtant…je suis malade, je suis un malade, je suis un fou et je n’arrive plus à soigner ma tête. Je vois des horreurs, mille fois, dix mille fois dans une seule nuit, je n’arrive plus à m’en débarrasser, à peine vues elles restent ancrées à vie dans mon esprit, sans aucune alternative. Pas même la nuit n’arrive à effacer les turbulences de la journée. D’ailleurs existe-t-il une nuit ? Existe-t-il le sommeil ? Je n’en sais rien, je n’en sais plus. Et j’arrive à perdre les clés du panzer et ne jamais les retrouver, du moins sans aide ce ne serait pas possible. Alzheimer ? Non j’ai fait les tests et je les ai tous niqué ! Insouciance, négligence, étourdi, pas dans ma tête, ailleurs que sur terre, ouep test réussi ! Je suis souffrant et personne ne voit rien, en même temps qu’ai-je donc à montrer…est-ce que quelqu’un t’as sous-entendu que j’avais envie de te montrer ce que je cache depuis des années ? Non alors ne cherche pas. Ne regarde pas. Je ne lance aucun appel au secours, ou sinon le jour où je le fais il sera trop tard de toute façon. Je ne sais plus ce qui anime l’espoir de voir le matin, si ce n’est que le fait de m’endormir le bide défoncé de trop d’alcool la nuit tombée. Et encore et encore toujours plus et encore. Je m’arrache les cheveux que je n’ai plus, je me tire les ongles à la pince multiprise jusqu’à perdre connaissance, ouai je fais ce genre de truc quand je suis un peu mort d’esprit, quand je sens que je perds pied dans ce monde de tarés, j’essaie d’être plus fou, d’être plus dur, et quand j’arrive à me poser dans mon 7ème sous-sol complétement en panique, si j’ai vraiment peur ou très mal, je me tape sur les phalanges au marteau et arrive le moment où je n’existe plus, cela s’appelle l’outre phase en médecine, cette phase où plus rien ne compte même la douleur, où tout disparait même la douleur par rapport à la douleur, cela s’écrit en médecine le n+1-1, n étant la douleur le mal la turpitude d’être vivant et le résultat 0 étant la guérison, jusqu’à perdre pied et tomber au pied de l’étau le marteau à la main, satisfait d’être encore en vie, juste un peu plus abîmé, juste avec quelques cicatrices de plus, dans la tête, sur le corps. Je me suis retrouvé bon nombre de fois assis contre mon établi, presque sans vie, à résister au mal que je m’étais affligé, et à chaque fois je me suis relevé, encore vivant, encore debout, encore plus fort…du moins je pense. Ma fée ne relève plus le défi de venir me voir au 7ème sous-sol quand elle entend mes hurlements de douleur, elle se satisfait de me voir remonter les marches, même à quatre pattes, elle s’en fout, elle a compris que rien ne pourra plus changer, que je suis un malade, le taré qu’elle a épousé…je me dis que je suis son filtre, au-delà de moi elle voit le bonheur, elle comprend que meilleur est ailleurs. Mais je suis un guide cependant. Elle ne cherche plus à savoir où je me dirige et pourquoi j’y vais, elle est contente à chaque fois que je lui souris, même avec du sang sur mes joues, même avec les phalanges tordues ou cassées, du moment que je remonte. Alors ce soir je suis devant ce clavier, les phalanges niquées, c’était une dure journée, une journée à tout remodeler, une journée à tout essayer pour que le monde soit meilleur et je n’ai jamais réussi, pourtant j’ai dix doigts…J’ai hurlé toute la journée mais ma fée n’était pas là, elle travaillait dans son usine à fabriquer des morts, quand elle est rentrée elle est restée bouche bée en me dévisageant avec mon t-shirt maculé de sang puis elle m’a souris et est partie cuisiner, j’ai surpris une larme le long de sa joue, je pense qu’elle sait que je vais partir, un jour sans retour, mais c’est une guerrière, personne ne la verra pleurer, tu m’entends, personne ne la verra pleurer !!! Combien faudra-t-il de psys à torturer ???? La médecine est faite pour de vrais médecins, la médecine que ton médecin t’inflige n’est pas la médecine. La médecine est celle que je t’enseigne, celle qui te guérit sans chimie, à travers mon univers, malgré mes souffrances, mes expériences sont tes gélules pour la vie, pour ta mort, je suis ton médecin et tu le sais ! Bon tout ça c’est bien écrit mais je me suis vraiment niqué les phalanges…ostéonécrose si je ne suis pas fou et tu serais horrifié de voir ce que je suis capable de guérir avec un marteau….gnarfff gnarfff gnarfff…putain de maladie.

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