La maladie n’était pas répertoriée le pronostique était
engagé l’ordonnance était simple à rédiger alcool antidépresseurs alcool
antidépresseurs alcool antidépresseurs alcool fort antidépresseurs alcool fort
antidépresseurs alcool très fort antidépresseurs alcool très fort triple dose d’antidépresseurs
régime imposé par la justice par le centre pénitentiaire dont le directeur est
mon cerveau ordonnance renouvelable pendant huit jours trois fois par jour pour
réussir à déconnecter mon âme de toute réalité pour finir complétement taré je
pense que la médecine n’avait pas tout prévu car j’ai réellement flippé lorsque
je ne me rappelai plus des cinq minutes précédentes aux cinq minutes suivantes les mots n’étaient plus dans le bon sens les
crayons avaient disparu et l’encre ne coulait plus mais j’ai fait médecine et l’ordonnance
était bien rédigée j’ai perdu le contrôle de mon propre cerveau j’ai perdu goût
à la bouffe à la mort aux mots je me réveillai en pleine nuit pour me dire que
c’était pas le jour même ma respiration était hors de contrôle c’était une
première pour moi jamais tenté aussi fort jamais tenté aussi difficile mais avant
de suivre le régime je savais que c’était bien pour vivre qu’il fallait avoir
le goût de mourir dans la bouche chaque matin chaque minute sentir l’alcool
fort dévaler ma descente en enfer les antidépresseurs pour ralentir le rythme
et accélérer la descente mais le directeur a toujours raison huit jours
intenses où plus aucun cauchemar n’est apparu plus aucun rêve non plus cligner
des yeux était une torture mentale fermer les yeux était une scarification de l’intérieur
enregistrer les images sans les faire ressortir et pleurer et d’un coup au bout
du huitième jour tout arrêter l’alcool les antidépresseurs et essayer de tenir
toute une journée sans fermer les yeux sans écouter sans réfléchir laisser
revenir ce qui va revenir ce qui va resurgir du plus profond des abîmes et
attendre la nuit puis le jour et comprendre que rien n’est remonté que rien n’est
réellement parti non plus mais attendre me supplier de me resservir un verre d’alcool
d’avaler la triple dose m’arracher la peau des mains me bouffer l’intérieur de
la bouche jusqu’à ne plus pouvoir parler mais j’ai tenu deux jours puis trois
et j’ai fait les valises j’ai tout mis dans le coffre de la marijuanas break et
j’ai attendu puis j’ai revu mon fils et ma fée et avec mon pote Tof on est allé
voir le concert des Matmatah le son était à chier et j’ai dormi trois heures et
j’ai roulé 10 heures sans trop savoir où j’allais ils appellent ça des vacances
il parait une semaine dans le sud une semaine sans alcool sans antidépresseurs
juste deux ou trois que j’avais planqué dans la poche de mon sweat zippé j’ai
essayé de dormir dans une grosse caravane j’ai vu des gens affamés de connerie
j’ai vu des gens qui m’ont rappelé que je les déteste tous les noirs les blancs
les bronzés jusqu’à la raie des fesses les putes au vagin épilé les serviettes
de plage les gosses qui hurlent les chiens qui lèchent les glaces tombées sur
les trottoirs les connectés qui coupent leur steak avec leur portable
multifonctions tout ce bruit j’ai cru devenir complétement fou j’ai arrêté le
régime trop tôt ou trop tard j’ai fini par m’automatiser j’ai enfin réussi à m’automatiser
jusqu’à oublier que j’étais venu me reposer je me suis baigné dans une eau de
mer glacée juste par défi contre l’humanité juste pour voir si la mort était
capable de me frapper j’ai marché et ramassé les crottes de mon chien dans un
sachet plastique chaque jour sept jours
je me suis allongé et les rêves ont réussi à ressortir de la terre brûlée au
bout du septième jour il était trop tard j’ai fait les valises et rechargé la
marijuanas break et j’ai roulé pendant 9 heures sans fermer ni cligner des yeux
pour arriver dans un air glacial j’ai viré les valises du coffre et j’ai
cherché le festival aux poils avec ma fée et nous nous sommes déchirés les tympans
pendant quelques heures mais je n’avais toujours pas cligné des yeux je savais
qu’à la fin de cette chanson ce qu’ils appellent les vacances seraient
terminées je me suis allongé et j’ai fermé les yeux enfin j’avais réussi à fermer les yeux sans pleurer je me
suis réveillé ce dimanche matin persuadé que j’étais guéri j’ai dormi j’avais
enfin dormi le téléphone a sonné ma marraine est décédée hier soir je n’ai plus
d’alcool il me reste deux ou trois antidépresseurs en miette planqués dans la
poche de mon sweat je n’arrive plus à cligner des yeux j’ai peur de dormir il
va falloir affronter la réalité ma marraine est morte hier soir quinze jours
que je lutte il fait froid et ………
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