Elle a torpillé ma nuit, elle est arrivée entre une étoile
et un pipi mal cadré, mais dans cette nuit je suis parti à Londres faire un peu
de dessins sur les murs….
Tu veux tout savoir, alors écoute toi lire cette histoire sortie
de mes lèvres :
Je suis à Londres, enfoncé dans les souterrains, nous allons
visiter ce tramway sous terre, ma fée, Alex et moi. Pour un trou il fait assez
éclairé, pas froid non plus, juste sous la terre. Nous sommes arrivés dans un
immense hall au sol bordeaux, lisse propre et magnifique. Par un moment je suis
tout seul, ma petite famille préférant courir les boutiques souterraines. Je n’aime
pas la foule et encore moins les gens qui la composent alors je continue mon
chemin le long de la voie du tramway. Il parait qu’il est magnifique, encore
faut-il le voir. Un petit tunnel éclairé d’un jaune très pâle m’’attire. J’ai
les os suffisamment foutu pour passer, c’est tellement étroit, assez pour
repousser les curieux. Je m’enfile dans ce tunnel et débouche sur plusieurs
galeries souterraines, toutes éclairées de ce jaune pâle. Les galeries forment
de grands tubes, le plafond est arrondi et ponctué de spots diffusants cette
pâleur jaunâtre. On dirait un musée sous terre, des alcôves vitrées à droite à
gauche, dans les droites, dans les gauches, toutes éclairées étrangement. Je
donne 4 livres et 19 cents à un type d’un jeune âge, vingt ans tout au plus,
pour qu’il creuse un énorme trou dans le sol de cette galerie, le sol est en
terre, une terre de couleur grise très poussiéreuse. Le trou terminé, il est
parti, je suis seul. Pete Campbell arrive enfin, je lui demande de descendre
dans le trou, pourquoi m’interroge-t-il. Pour aller chercher deux places de
concert, deux places pour le concert de sa mort sont au fond de ce trou, je les
ai déposées. Il descend comme juché sur un ascenseur, disparait et remonte de
la même façon, il me montre les places qu’il tient de sa main gauche et il
redescend. Je redonne 4 livres et 19 cents au jeune type pour qu’il rebouche le
trou, une fois fini nous sautons à pieds joints sur la terre fraichement
retournée, pour la tasser dans un nuage de poussière. Un garde arrive, je
suppose que c’est un garde car il a une casquette et un vêtement du genre chef
de gare. Le jeune type et moi faisons l’air de rien et nous nous dirigeons vers
une vitrine éclairée, juste à gauche du trou, le garde tourne autour du trou
rebouché, tape du pied dans la poussière et nous regarde d’un air méfiant…et s’en
va. Dans cette alcôve vitrée se trouvent des mobylettes, aussi des espèces de
voiturettes à trois roues, deux devant et une derrière, carénées et avec des
couleurs passées, les mobylettes sont des Motobécanes, des S3, le S3 de couleur
rouge est presque effacé. Dans le fond de ce qui ressemble à un atelier, un panneau
posé sur le sol est garni de clés de toutes sortes, plates, molette…mais il en
manque beaucoup. A gauche et en haut des outils sont suspendus, mais à chaque
suspension il y a 3,4 ou 5 fois le même outil. Putain ils sont prévoyants à
Londres ! Le jeune type s’en va, Pete Campbell est certainement mort
maintenant. A droite, assis sur des bancs en bois dans la galerie, des enfants
sont avec leurs parents et les enfants entament une chanson de Saez sous les
yeux médusés des parents. Les enfants me sourient, je passe devant eux et j’applaudis,
je suis ravi et ils chantent merveilleusement bien. A droite aussi, juste après
les bancs, il y a cette alcôve vitrée éclairée d’un blanc industrie, à l’intérieur
il y a une table d’examens gigantesque, les pieds et les bords métalliques sont
recouverts de mousse rose comme ce qui isole les tuyaux de chauffage, mais
rose. La table est hors normes et au-dessus est écrit Childs Psychiatric. Cela
me fout la nausée, je vais gerber. En dessous de l’alcôve se trouve une grille,
une grille d’accès à des escaliers mais elle est cadenassée et il y a un
écriteau : « No Pass – It’s time ti give me a nuclear device – 7 livres
et 55 cents » Putain j’ai pas assez, j’ai payé pour tuer Pete Campbell. Je
quitte la galerie et me retrouve à nouveau sur le sol bordeaux de ce hall
immense. Alex me voit, il est avec son appareil photo, il s’approche de moi et
me dit : »tu vas te faire engueuler, t étais où, maman est très
énervée3. Je retrouve ma fée assise dans un café au milieu du hall sur une
chaise de bois et de cuir rouge, je m’installe sur le siège à sa droite et elle
ne me dit rien. Nous entendons le tramway, il arrive et oui, il est magnifique,
il circule en dessous du hall où nous sommes assis, encore en dessous du
dessous, un souterrain sous le souterrain londonien. Nous nous approchons et il
est magnifique, rouge, sans fenêtres, il est ouvert comme un cabriolet,
seulement une toile blanche suspendue au-dessus des banquettes de velours bordeaux,
les serrures et poignées sont dorées à l’or fin, la carrosserie est d’un rouge surnaturel. Il est là juste en
dessous de nous, avec Alex j’essaie de trouver un endroit propice à faire des
photos de ce bijou (hibou caillou genou). Mais bizarrement à chaque fois que l’on
s’approche de cette rambarde pour le regarder, cette rambarde semble toujours
trop haute, Alex trouve enfin l’angle parfait, il shoote et reshoote, j’allume
un joint. Je retourne vers ma fée, elle me regarde interrogative, je lui dis
que Pete Campbell est mort, nous marchons maintenant tous les trois en sortant
de ce hall au sol bordeaux…Au plaisir de te revoir Londres.
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