En courant j’ai franchi les fils barbelés, j’ai ouvert cette
énorme porte en bois, j’ai enfin jeté la clé. J’ai décidé de m’enfermer. Dans
ma folie je me voyais comme normal mais je me suis perdu en suivant ma folie.
Maintenant ma perte de contrôle de moi-même est sous mon contrôle, je me suis
enfermé pour la vie. Caresser les ombres, définir enfin mes propres couleurs,
assis sur mon lit j’écoute les chiens aboyer et les portes grincer. Si je te
dis qu’ici dans ma tête c’est l’enfer j’ai déjà tout expliqué, alors ma folie
est le paradis. Toutes ces voix qui résonnent sortent de ma bouche en hurlant,
je crie mon emprisonnement. Elles ne partent pas. Elles ne partent pas. Je
m’enfonce à tuer les temps morts, assis sur mon lit, je regarde les oiseaux
s’envoler et se briser les pattes dans l’air pollué épais de ces vautours, j’ai
bien tenté de m’envoler aussi mais j’avais déjà les jambes brisées. Ils m’ont
maquillé avec des peintures joyeuses, dessiné un sourire mais derrière lui je
pleure. Il ne faut pas pleurer sinon tu effaces le sourire. C’est difficile
mais la corde s’est cassée. J’ai encore mon visage hors de l’eau, juste à la
surface, juste pour humecter. Respirer est interdit. Derrière l’autre porte il
faut chuchoter, la pureté de l’esprit a de grandes exigences, la religion c’est
la pollution et en plus ils l’ont écrit et le danger ne s’écarte pas quand on est
plongé dedans. A l’extérieur dans ce monde si libre je me sens si seul à
l’intérieur. Si seulement la nature pouvait gouverner, ce serait plus facile,
les croix gammées seraient cassées, détachées, d’un signe affolant ne resterait
que deux morceaux affolés, déportés, séparés de l’unité. Les portes continuent
à grincer, je n’ai malheureusement plus peur, je préfère le mot terreur. Si tu
étais à ma place tu comprendrais. Se taire c’est parler en vain, c’est ça la
terreur. Si tu étais à ma place…
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