Je suis parti dans l’ivresse d’un hiver sans neige, sans
eau, à m’assoir au bord de l’autoroute bitumée à regarder tous ces migrants d’un
jour, d’une nuit, à me demander ce que j’allais bien pouvoir faire à bouffer
pour ce putain de réveillon du 31 décembre 2015. J’ai bazardé sur certains
quelques boules de vide avec de l’encre à l’intérieur. Faut-il se battre
encore. La guerre est consumée non ? Des voitures cassées, des corps
déchiquetés et dans le ciel des hélicos qui chient des missiles par centaines. Il
faut tout reconstruire alors il faut tout détruire. Les affiches collées sous
les ponts n’ont plus de visage, elles crament leurs caractères. Les hommes
contre les machines. Les pauvres contre les riches. Je creuse tout cela, toute
cette immensité défigurée à la pelle, pioche. Je creuse tant et j’enfouis tous
ces immeubles du peuple. Je recouvre tout de terre, les routes les usines les
cons. Ils ne repousseront pas. Les habitations que j’ai construites sont
recouvertes de plantes, de fleurs, de fruits, de prairies, de forêts, de
ruisseaux, de montagnes enneigées. Le règne c’est l’anarchie. Ha Ha Ha !!!
Je suis admiratif de mon travail, j’ai sodomisé un à un les enculés de la
COP21, ils auront encore mal pour la COP22. La guerre s’est évanouie, j’ai
détruit ce qu’ils convoitaient, j’ai tué la République, les frontières, les
lois, les limites, les drapeaux, les couleurs de peau, toutes ces choses
superficielles. J’ai eu la force et la rage de tout changer. J’ai tué les
débiles dans leur voiture électrique, j’ai tué les promoteurs d’énergie
renouvelable gavés du sang de notre terre, j’ai tué les banques et leur foutue
monnaie, j’ai tué les voleurs, les pédophiles les meurtriers, j’ai caressé le
loup, il est si gentil. Je me suis mis contre cet arbre, la tête à l’envers,
les mains sur son tronc et j’ai creusé pour embrasser mes racines. Je n’ai pas
l’intention de remonter tout de suite, j’ai à faire en dessous. J’ai du travail
maintenant, je vais récolter des carottes et des courgettes, peut-être du
brocoli aussi avec mes amis. La terre est souvent en train de nous remercier.
Les oiseaux se posent sur nos brouettes en bois, ils ont bien mangé les salauds.
J’ai pas compris quand je me suis fait percuter par cette énorme voiture sur
cet autoroute bitumée, j’étais persuadé d’avoir réussi…
Ah ? tu voulais du positif, du bonheur, de l’espérance
pour cette fin d’année…eh merde…encore raté …
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