jeudi 26 février 2015

LES MACADAVRES



Le macadam avait encore cette odeur de cadavres.
Mais où cours-tu comme ça ? Pourquoi roules-tu si vite ?
Ce qui me dégoute et m’énerve – enfin je ne sais pas si c’est le fait que ça m’énerve qui me dégoute ou le fait que ça me dégoute qui m’énerve – c’est que la connasse qui est à la place du mort ne te dise pas de rouler moins vite, de faire attention à sa vie. Cette conne qui est à côté de toi me fait penser aux femmes des frères bidules, genre avant que leurs maris ne se prennent une bastos dans la tronche elles ne savaient pas qu’elles vivaient avec des terroristes, comme la connasse qui est à côté de toi en fait. Eux sont morts en criant alla baba et toi en criant putain je suis en retard. Tu me fous la gerbe connard, alors quand je vois ces voitures enchevêtrées je n’ai qu’une envie, désincarcérer l’enculé qui roulait trop vite et l’attacher à l’attache caravane de ma bagnole et lui montrer à quelle vitesse on peut crever. Moi si je suis passager d’un type qui roule trop vite il a deux solutions, soit il ralenti soit il prend mon poing sur la gueule en moins de deux minutes.
Les cadavres de ce matin avaient l’odeur du macadam.
Quand je vois ce pauvre con se faire chier à attacher son morveux dans son siège bébé, la pluie lui coulant dans le dos, à essayer de mettre cette saloperie de ceinture à 29 points d’ancrage autour de son gosse, vérifier 39 fois qu’il n’est pas trop serré parce que ce con n’a même pas pris le temps de lui enlever sa combi parka blouson grand froid turbulette queshua  alors qu’il va péter le chauffage à donf, se faire insulter par sa grosse connasse assise la clope à la bouche qui lui dit de se manier le cul sinon elle va être en retard au café avec ses copines au boulot, bah quand je vois cet abruti foncer à 140 km/h sur la route trempée pour tenter de rattraper ce fichu retard, excuse-moi mais j’ai juste envie d’aller chier sur sa tombe quand je vois sa bagnole explosée dans une autre avec son gosse déchiqueté dans le coffre de sa poubelle.
Alors toi, ce fameux connard qui roule trop vite dans ta poubelle customisée japonaise ou dans ton cayenne trop gros pour tes petites couilles, fais bien attention à toi car je te guette dans mon rétro et si jamais tu ne meurs pas dans ta caisse, tu risques quand même de prendre un vilain coup de latte dans le cul si je te chope.
Putain le macadam était rouge ce matin.

mardi 24 février 2015

DANS DISCRIMINATION NE RETIENS QUE NATION



Qu’as-tu fait de ton énergie ? Où as-tu placé ta puissance ? Faut-il faire le total des poids soulevés durant toutes ces années pour définir ta capacité à les détruire ? Qu’as-tu réellement à donner en réponse à une tête décapitée, à un corps brûlé vif dans une cage, face à une arme de guerre ? Alors tu soulèves de la fonte dans ton garage en écoutant du métal et tu crois pouvoir combattre ces barbares ? Dis-moi sérieusement, est-ce que tu plaisantes ? Certains types censés, bien plus que toi, retirés sur des crêtes hostiles, entre le froid mortel et la mort, définissent les règles de la puissance éternelle juste avec le corps et l’esprit. Alors réfléchis un peu, crois-tu que si tu attaques l’envahisseur en criant et montrant ta puissance tu as une once de chance de le vaincre ? NON !!! Seule la perversion reste l’arme ultime, quoi de mieux qu’un croche pied pour faire tomber le plus costaud d’entre nous. Alors chaque jour que Dieu me donne j’assoupli mes muscles mais surtout mon esprit, je travaille ma perversion et quand mes doigts viendront transpercer les yeux de ces enculés, jusqu’à la douleur insoutenable qui envahira leur corps dans des spasmes ils n’auront pas vu la menace arriver dans leur dos, jusque-là ils m’auront pris pour leur ami et j’irai avec mon pouce leur détruire le cerveau à travers leurs yeux crevés.
Alors écoute moi un peu, arrête d’insulter l’envahisseur, arrête de le menacer sur les réseaux sociaux, sur la toile, sur les murs des lycées, sur les murs des lieux de culte, tu lui apporte beaucoup trop d’importance et il se sent plus fort. Unissons nos forces en souterrain, travaillons les stratégies, créons des réseaux de résistants, des alliances, formons des guerriers. Mais ne le dis à personne. Aujourd’hui tu es ordinaire, un bon voisin bien tranquille, demain tu seras toujours ordinaire mais avec un couteau planqué dans la manche de ton blouson.
Je n’appelle pas à la guerre, elle est déjà déclarée, non moi j’appelle à la paix, la paix dans nos rues, dans nos centres commerciaux, dans nos villes et villages, j’appelle à la fraternité. N’as-tu jamais remarqué que certains de tes meilleurs amis ressemblent plus au pire de tes ennemis. Alors c’est bien cette fraternité qu’il faut développer avec l’envahisseur, aujourd’hui je bois un verre avec toi, demain je te trancherai la gorge. N’est-ce pas cette stratégie que l’envahisseur a engagée sur mon territoire, dans mon pays ? Il nous manque la volonté, et surtout retourne à la messe le dimanche matin, tenons-nous la main en récitant nos prières, mets une pièce dans la quête pour sauver ton église, joins tes mains agenouillé au pied de ton lit avant de t’endormir et prie, car c’est bien à cause de ton absence de foi chrétienne que l’envahisseur a réussi à pénétrer en tout puissant sur ton palier. Mets une croix autour de ton cou et bats-toi pour la garder, au lycée, dans la rue, au boulot. Je suis chrétien et je n’ai pas le droit de le montrer, eux ils ont le droit de montrer leur religion. Tu sais quoi, qu’ils aillent se faire enculer (doux Jésus pardonne moi ces offenses), les filles dans mon pays portent des mini-jupes et elles t’emmerdent. Alors écoute-moi bordel, raccroche le ptit Jésus dans ta cuisine, au-dessus de la photo de ton grand-père, au-dessus de ta porte d’entrée, ressors la bible et lis là et prie bordel de merde. Je te le répète, c’est ton absence de foi chrétienne qui nous a amené là. Tes enfants doivent être baptisés, ils doivent savoir d’où ils viennent, ils doivent pouvoir se vouer à notre Dieu. Oh je ne suis pas fier de moi, car je me suis oublié aussi entre deux pétards et des milliers de litres d’alcool mais demain je baptise mon fils, Alex c’est pour demain ! 


mardi 3 février 2015

J'AI ARRACHÉ MES YEUX À LA HACHE

Allez, le scoop de l'année, une photo volée de ma grotte, située au 7ème sous-sol d'un pavillon contemporain, seuls quelques gens terrorisés depuis sont passés par là. Au 7ème sous-sol je crée, j'écris, je pense, je pleure, j'étudie la médecine, j'égorge les dernières perspectives de mon avenir. L’accès y est difficile, le maître des lieux tellement taré ne t'invite pas au détour. Pour descendre au 7ème sous-sol il faut que tu te drogues, que tu effaces ton passé et que tu ne crois plus au présent et encore moins au futur. Et là tu franchis la porte, et tu deviens sourd, définitivement sourd, car au 7ème sous-sol la musique te transperce les veines, tellement forte que même l'humidité a fini par décéder. Un ampli dévissé à fond, il n'y a plus de bouton pour le volume, juste un on-off. Pas de mélodies, juste du son, comme une porte blindée, infranchissable, tu peux y arriver avec les tympans fêlés. Mon Alex s'y aventure quelques fois, sniffant le sang de ses oreilles en haut de l'escalier, il attends là comme un agneau apeuré, juste pour me regarder sacrifier mes derniers instants de vie. Ma fée, elle, descend aussi au 7ème sous-sol pour me regarder de temps en temps, juste pour vérifier que je ne me sois pas taillé les veines sur un bout de métal tordu, ou brûlé les yeux sur une vieille soudure, elle guette, elle soupire de joie quand elle me voit danser autour du feux, elle hurle quand elle me voit allongé sur le dos sur le sol du 7ème sous-sol, gisant là tétanisé par tous ces mots qui s'arrachent de mon cerveau. Les yeux révulsés je soude je perce je tords je crie. Des heures des journées entières au fond de ce 7ème sous-sol grignotent mon espérance de vie, de la vie de dehors, celle des autres, celle qu'ils appellent la vraie vie. Quand je remonte enfin du 7ème sous-sol, je rase les murs, je ne parle plus, je prends de cette maladie qui s'appelle vérité, je me cache les yeux, je cherche à respirer. Je tente alors de survivre parmi vous en espérant y arriver pour retourner enfin dans mon 7ème sous-sol.