vendredi 26 septembre 2014

PIECE OF MIND

Encore ce bruit de ces clés dans la serrure de la porte de ma chambre. Cela n'en fini plus, encore, et encore ces clés qui dinguelinguent dans cette putain de serrure.
Enfermé depuis plus de vingt ans dans cette chambre, mon seul repos est cet écureuil qui saute d'arbre en arbre. Il a mis une cape de superman ou quoi.
Cela fait plus de vingt ans que j'enlève le mastic de cette fenêtre qui ne s'ouvre pas. J'ai mâché du chewing gum, encore et encore pour le remplacer. Je déteste le chewing gum mais il faut se forcer parfois.
Vingt ans que je prépare mon évasion, vingt ans que je ne dors plus, vingt ans que je ne me branle plus, mon seul objectif est cette fenêtre.
Il est 8h00, j'entends ces clés qui arrivent, la vitre se brise dans un bruit hallucinant, j'ai peur, je saute par cette fenêtre qui ne s'ouvrait pas. Je ne sais plus ce qui a cassé dans mon corps, mais je cours dans cette descente, sans freins, les freins ont lâché dans la descente.
J'ai oublié mes cigarettes, putain que je suis con j'ai oublié mes cigarettes. J'ai une drôle de sensation, je ne comprends pas pourquoi il n'y a pas de grillage de sécurité en bas. Juste une barrière pour les voitures, mais pas de contrôle, j'arrête de courir, passe cette barrière et je cours à nouveau. Je sais qu'elle m'attend, ou qu'elle soit elle m'attend, ma fée me l'a promis.
Je cours mais je suis perdu, vingt ans enfermé dans cette chambre, j'ai mal au coeur et je vomi. Je marche sur ce trottoir trop grand, mais pourquoi font-ils des trottoirs si larges, il n'y a personne qui marche dessus... Je cours à nouveau, libre je cours comme le dingue que je suis, libre je cours vers l'infini, libre je cours vers ma fée, elle m'attend, elle me l'a promis.
Trop pressé je m'écrase au sol, sont-ce mes pieds en sang, est-ce ce putain de trottoir...
Je cours toujours et mes mains se consument.
Combien de temps ai-je couru, je ne sais plus, combien de fois suis-je tombé, je ne sais plus, je bois le sang de mon évasion.
Elle est là, assise sur cette marche d'escalier, elle sourit, ma fée sourit mais ne bouge pas. Je trébuche et m'étale à ses pieds. Elle rigole, je l'aime. Elle me sert si fort que j'oublie presque que j'ai les pieds et les mains en sang.
Viens, viens, viens...
Nous courons tous les deux et je vois cette voiture, je casse la vitre, comment faire maintenant, et cette alarme qui m'excite. Comment démarrer cette putain de bagnole, j'ai vu tant de films, j'ai vu tellement de voleurs de voitures, mais merdeeeee..... elle démarre, ma fée m'embrasse mais je ne sais plus conduire, cette bagnole, putain de bagnole.
Ma fée me dit qu'elle a faim et j'ai défoncé ce massif de fleurs devant ce resto avec cette bagnole, putain ça fait chier...
Le serveur nous accueille en me regardant comme un animal sauvage...je viens de tomber et je n'aime pas les chaussures voyez-vous. Prenez place, on s'occupe de vous de suite. Quoi ? Quoi putain de merde ?!! J'ai faim, une heure déjà, deux heures en tête à tête avec ma fée mais mes yeux ne lui sont pas réservés, j'observe, j'ai du mal à comprendre et bizarrement je sens le vide, un vide, un putain de vide, je ne suis plus celui qu'elle croit. Je t'aime ma fée mais oublie moi, je suis un évadé de mon esprit et ma chambre est toujours fermée et la fenêtre n'est pas cassée. Je ne suis libre qu'à cet instant, oublie moi. J'ai adoré ce repas, je n'ai pas de tunes mais j'ai adoré, le meilleur repas du monde, quel délice. Toutes ces heures avec ma fée me nourrissent plus que ce potatoburger. J'ai envie de hurler, j'ai hurlé et je me suis fait jeter de ce resto de merde.
Mes pieds nus, pourquoi ai-je les pieds nus.... et ma fée, où est ma fée ???
Laissez moi tranquille, mais laissez moi. Arrêtez mais arrêtez, ma fée, ma fée, ma fée......
Ils ont remplacé le mastic de cette fenêtre qui ne s'ouvrira plus, le bruit des clés m'enferme à nouveau, j'ai peur, j'ai encore ce couteau du potatoburger dans la poche, mes pieds sont en sang, mes mains sont en sang, je regarde mon écureuil superman par la fenêtre....
Je me suis planté ce couteau dans la gorge et j'attends, le mastic fond le long de la fenêtre qui ne s'ouvre jamais, les serrures s'arrachent de la porte et le brouillard envahi ma chambre, Mamie, Mamie... mais que fais-tu là, je t'aime, je vous aime, ne me retenez pas...............

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