vendredi 4 octobre 2013

RENTRE CHEZ TA MERE

On dévalait la pente comme des dingues, adolescents, presque désarticulés, ma fée et mon chien collé à nos crampons. Crachants sur les clôtures des cons, le pétard à la bouche, masque à gaz rayonnant d'herbes multicolores, rigolants de nos propres conneries. Cela fait plus de vingt ans que l'on déconne ensemble ma fée et moi, et que l'on dévale des pentes plutôt sévères. Juste avant de trébucher dans mon chien qui s'est planté comme un chène au milieu de la pente, des têtes noires figées dans leur peau de mouton, nous mataient, fixes, irréelles. J'insulte le chien. A bien regarder, maintenant qu'est stoppée notre descente vers l'enfer, quelques têtes blanches se mêlent au troupeau. Hypnotisés, nous les regardons, et surpris par le silence des fous, j'hurle, j'hurle comme un taré contre ces saloperies de moutons. Les têtes noires s'enfuient, se retournant toutes les secondes histoire d'être sûres de ne pas être suivi par ce taré vociforant. Les blanches, la gueule descendues de 2 étages me regardent.
En fermant les yeux un instant, je me suis retrouvé dans une banlieue nancéienne, ou parisienne, avec deux zaouis la casquette à l'envers sur un scooter en face de moi, croisant la route de deux flics en bagnole, ils se barent, fuient pour fuir, presque paniqués de n'avoir rien fait pour une fois.
En reprenant cette descente vers l'enfer avec ma fée et mon chien, il m'arrive souvent de me demander pourquoi certaines têtes blanches trainent encore avec les noires. Allez, rentre chez ta mère.

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