samedi 11 février 2023

8UI9UMUOC2G


Je me suis enfoncé dans un rêve de folie, j'ai retrouvé mes copains, au bord de la pieuvre métallique, neuf ans à peine et plein de rêves, de la folie aussi, une espèce de décalage à l'instant, un gamin pas comme les autres, un enfant avec des cheveux longs blonds comme les blés, un Beatles, un enfant des années 80 qui grandit entre John et les fleurs de ma grand-mère, un putain de minot complétement décalé. Balancé entre ses notes de maths et un lapin qui s'appelle Balou, autour d'un repas qui ne ressemble à aucun repas que je ne puisse vivre maintenant, une vie.Une autre vie. J'ai rêvé et j'ai reproduis, une vie autour de l'absolu, autour des notes de musique de mon père musicien, à côté de mon frère musicien, dans le regard de ma mère espérante, moi qui n'avais que les cheveux blonds d'une autre planète, qui dors sur le bord d'une chaise dans le café de mon oncle, qui invente des vies, qui maintenant écrit jour et nuit, un gamin ordinaire, trop ordinaire pour ne pas le reconnaitre dans une cours de récrée, mais tellement différent des autres....c'est seulement maintenant que je sais qui je suis, trop longtemps refoulé dans une case de gosse instable, une espèce d'emmerdeur pour les psys, un être trop loin pour être sur terre, j'ai fais avaler les chaussons roses à une psy débile, je suis un être différent mais il n'y a que moi et ma fée qui l'ont découvert, au détour de longues soirées, au début de notre histoire, quand ce gosse marchait au bord des falaises, un pétard entre les lèvres en équilibre sur un pont au dessus de la moselle, un cahier dans un sac, des idées noires au dessus du ciel bleu, une histoire qui ne se racontera jamais. Une histoire noircie sur des pages d'un blanc éclatant,au fond d'un tiroir, quelque part dans mon 7ème sous-sol, quelques phrases qui ne sortiront jamais des profondeurs de mon existence, pas même mon fils qui ne me connait même pas ne sait où se trouve ses pages délirantes d'une vie cachée explosée sacrifiée. Ma fée sait, recroquevillée dans son lit, en pleurant son mari mort dans un accident cérébral, le plus beau cadeau de son existence, son mec, rencontré en lui servant une bière, un type complétement déjanté, blond, beau, terriblement enigmatique, seul.Ma fée qui a construit sa vie autour de mes mots, de mes textes, de mes délires, autour d'une autre vie, une vie que personne ne peut comprendre, autour d'un mec définitivement détruit, elle le savait mais n'a jamais reculé. Quand des cahiers se noircissaient de formules, les miens se noircissaient de textes, de phrases....ma prof d'anglais a été la seule a percer le mystère de ce gosse complétement taré, elle l'a expliqué à mes parents qui n'ont rien compris et qui ne comprennent toujours pas, ils arrivent même à ne pas m'appeler par mon prénom !!!!! Un gosse incompris, détruit. Les lèvres brulées par l'alcool, comme un beaume apaisant enduit sur le torse en pleine crise de grippe, ce gosse qui a maintenant cinquante quatre ans, des cicatrices sur les mains d'avoir trop frappé les murs en béton, les cordes vocales défoncées d'avoir trop crié de désespoir, le coeur brisé de n'avoir jamais été compris de mes parents, aujourd'hui encore ils ne savent même pas que j'écris, que je crée, que je suis un être différent.Un gosse qui est maintenant papa, et qui comprends que même son fils ne le comprend pas, un gosse qui à cinquante quatre ans se rend compte qu'il va crever dans l'indifférence totale des gens qui l'entoure. Sans un seul appel au secours, sans tweet dégressif, sans alerte, un putain de gosse qui depuis trop longtemps ne pense qu'à mourir demain. L'écriture pour seul défaut. Un gosse qui a escaladé cette putain de pieuvre métallique à l'envers et qui dans une crise de panique a laché prise, se fracassant le menton sur le sol avec en prime une dizaine de points de suture, sans réfléchir, juste parce qu'il ne sera jamais comme les autres...
Madloonflayed©2023-SILENCE

 


vendredi 3 février 2023

LA BALADE DES IMPRESSIONS


Tout le monde le vit, quand tu rentres chez toi et que l'autre qui vit chez toi n'est pas raccord du tout avec ta vie de l'instant. En fin d'aprem je suis rentré chez moi après avoir fait les courses et ma fée était déjà chez nous, depuis toute la journée en fait, elle a fait des milliards de choses dont je n'en sais rien du tout, moi je me suis fadé une journée de boulot de merde dans un endroit que je déteste et elle était chez nous. J'étais en mode année 69 avec des fleurs dans les cheveux, en lui ramenant un bouquet de mimosas et j'ai rencontré un pittbull derrière la porte du garage.Quand ma vie ne ressemblait qu'à un single des doors sous la pluie, elle, elle avait changé de forfait internet, changé de machine à laver le linge, contacté la sécu pour un problème de remboursement, fait un mail à son enculé d'employeur parce qu'il ne lui avait pas payé la totalité de son salaire, lavé les chiottes et la salle de bains, promené le chien, demandé le remboursement d'un code avantage pour la machine à laver le linge, commandé des pizzas...Le décalage, je me suis retrouvé à expliquer à un musulman comment cuisiner une choucroute alsacienne en plein désert en racontant ma journée en fait, un putain de décalage avec des balles qui fusent dans l'air entre les tasses de thé et la toile de tente. Et dans mon couple c'est comme ça tous les jours, comme quand je descends dans mon 7ème sous-sol et que je remonte quelques heures après les yeux défoncés et les mains en sang, complétement dézingué par l'alcool, les soudures et la musique à fond et que ma fée vient de terminer son troisième cadres avec des fleurs séchées, sans musique, sans alcool, dans le calme absolu avec le zimzim couché à ses pieds avec une peluche entre ses papattes...un putain de décalage qu'il ne faut absolument pas équilibrer en deux minutes, cela demande quelques mesures d'incidences, quelques regards en coin, quelques pas de chats entre les vases en porcelaine sur une étagère cassée. Il y a des vases cassés quelques fois mais le tube de colle sort sa potion magique, de marque concession, je finis par me poser devant ses cadres de fleurs séchées, elle finit par limer ses ongles de panthère et le zimzim se demande vers qui aller avec sa peluche. Comme quand j'écris et que je pars vers des chemins abîmés, que je monte dans des bus remplis de personnages complétement tarés pour me retrouver au milieu d'une piste de cirque avec un crayon de papier HB, et que certains bus me laissent comme un con sur le trottoir et que ma mine de crayon est cassée, quand je ne sais plus du tout l'heure qu'il est et que je commence à crier, à m'arracher les cheveux de rage, la rage des écrivains lorsqu'il y a trop de mots qui arrivent en même temps au même endroit et que je n'ai que dix doigts et un cerveau, et là tu as ma fée en pyjama qui ouvre la porte du bureau en panique, il est trois heures du matin et qui lâche avec ses yeux bleus hallucinés un "mais tu dors quand en fait ?"...le décalage car je ne sais pas à l'instant qui elle est et que je mets presque deux minutes à réaliser que je ne suis plus dans cette forêt en feu assis sur le biplace de ma motobécane.Peut-être que c'est cette différence qui fait de notre couple le plus taré du monde et le plus solide. Quand il arrive ce moment où l'écriture n'a plus sa place, quand mes créations n'ont plus le pouvoir, quand ses magnifiques yeux arrêtent de mélanger les fleurs, on se retrouve souvent à se regarder droits dans les yeux, sans parler, sans bouger, sans se toucher, sans cligner les yeux, comme des statues sur une place en Russie....sans un seul rictus faciale, on rentre dans la tête de l'autre et on finit en larmes.....encore ce soir elle m'a dit que je suis un dingue, que je vais finir comme mon grand-père, en mort cérébrale au fond d'un asile avec quelques seringues plantées dans le dos. Elle m'a aussi dit qu'elle serait dans la chambre d'à côté avec les tympans percés et complétement défoncée avec des cachetons qu'elle aurait planqués dans les poches de sa blouse. Elle se souvient d'un de mes textes où je cours pieds nus dans la rue en ayant sauté de ma chambre d'asile pour la retrouver sur les escaliers de notre maison....la maladie ne nous aura pas, on crèvera ensemble main dans la main allongés sur notre lit, un cocktail de médocs et d'alcool dans le sang, le sourire aux lèvres et la musique à fond. Plus de décalage, enfin réunis pour l'éternité.
Madloonflayed©2023- Regarde vers le ciel, nous ne sommes que des étoiles filantesPeut être une image en noir et blanc