mercredi 15 février 2017

L'INCLINAISON DE LA MAREE


Ils étaient là, assis sur le bord d’un mur en regardant leur fille s’amuser sur la plage quand les grains de sables sont devenus des galets géants, glissants, luisants, mais la gamine s’amusait comme une folle en jetant des coups de pieds sur les vagues. Les vagues frappaient en hurlant sur les cailloux mais ils étaient là à regarder leur belle gamine sauter de galets en galets, glissant de temps en temps mais elle s’amusait. Chaque saut qu’elle faisait manquait à l’autre, son père s’amusait de voir que sa fille avait les seins qui poussaient. Chaque pas manquait à l’autre, un peu comme une empreinte qui manque dans la neige. La mer était agitée, déchainée, chaque vague défiait l’humanité, chaque vague qui se fracassait sur les galets manquait leur cible. La gamine jouait, la gamine s’est fait emporter, disparue à jamais, n’a-t-elle jamais joué. Ses parents la regardent assis sur ce mur…la regardait. Disparue ils sont rentrés chez eux, dans leur édifice, une prison de rêves, le tapis était rouge, les pas glacés. La cantine a appelé ce midi, leur fille n’est pas allée manger, elle jouait sur la plage, elle sautait sur les galets, la mer était défoncée, elle est partie. La cantine n’a jamais appelé mais son père est persuadé que ses seins poussaient, sa fille jouait, cette fille jouait, ça jouait…jouait… Et cette chasse au trésor alors, c’est bien ça qu’elle faisait de galets en galets, elle cherchait son trésor, des pièces d’or mais elle jouait mais ne cherchait, la cantine a appelé ce midi mais le père avait les yeux fermés, sa fille avait les seins qui poussaient. Sa mère frotte le sol l’éponge remplie de crème à récurer, elle efface l’empreinte des pas dans la neige et son père cherche encore son trésor, sa fille jouait avec les vagues qui se fracassaient sur les galets. Ils étaient là tous les deux assis sur ce mur à regarder leur fille jouer sur la plage. Mais chaque pas qu’elle faisait s’effaçait, ne s’enfonçait, disparaissait. Ils sont rentrés chez eux et sa mère frottait encore le tapis pour effacer le sang d’une chasse au trésor. Son père était le guide, sa mère effaçait les traces dans la neige. L’éponge remplie de crème à récurer le tapis était gris, comme les pas de sa fille qui s’effaçaient, son père s’amusait de voir que ses seins poussaient. Chaque pas est effacé par l’ombre des endroits où elle n’est jamais allée. N’a-t-elle jamais joué sur cette plage, ses parents étaient assis là, sur ce mur, sur cette ombre, les vagues frappaient à la porte, la cantine n’a jamais appelé. Son père se tient la tête entre les mains, sa mère mange l’éponge, ses seins n’ont jamais vraiment poussé, la gamine ne laissait jamais de pas dans la neige, ni sur le tapis rouge dans l’entrée de leur maison, ça ne sert plus à rien de frotter, les galets sont glissants, les vagues hurlaient….

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire