Mon
chien me regarde de travers...faire pipi, caca, sniffer...Je descends les
escaliers et dévale les marches sur le dos, cette araignée a préféré mon épaule
aux murs boisés, elle savait que le combat était déjà joué : araignée du soir
espoir !!!. J'atterris dans le lambris, ce coin de bois est douloureux,
l'araignée est épargnée et je me tâte le dos en grimaçant. Il est dit que les
araignées ne tissent leur toile que dans les maisons saines, celle-ci a donc
choisi la mienne. Mon chien me regarde avec son air amusé, peut-être un peu
satisfait.
Deux
hérissons cavalent sous mes érables japonais (acer palmetum), la lumière les a
surpris, et mon pas abîmé de ma chute aussi. La main sur le museau de mon
chien, je les espionne, ceux là sont amoureux. Je continue ma route, inutile de
les déranger plus longtemps, mon chien s'interroge. Ce n'est pas la première
fois qu'ils viennent chez moi, ils s'y sentent en sécurité. Peut-être
trouvent-ils le jardin joli.
Sur
mon abri à poubelles siège ce gros matou, gris souris le pauvre, ses pattes ont
disparu sous sa fourrure, il regarde mon chien, moi je n'existe pas. Mon pas
cassé vers lui ne le perturbe pas, il ne bougera point. Un chat pourtant, ne
cherchera pas le conflit délibéré avec un être à deux pattes, il battra en
retraite et saisira sa chance de griffer quand l'occasion sera trop bonne.
Alors lui, il reste là, passif, il connait la suite, je le laisse là, à son
observatoire nocturne, son prédateur n'est pas moi et pas dans ma maison.
Les
ados de cette rue préfèrent de loin discuter à fleur de mon allée de garage
profitant ainsi de l'éclairage automatique, système ingénieux qui ne profite
qu'aux noctambules, mammifères ou pas.
Mon
chien remue la queue.
Je
m'interroge, oublie de m'arrêter à ce lampadaire sacré, a cette touffe d'herbes
favorite, mon chien est fâché.
Je
rentre, monte dans ma chambre, allongée sur le lit, ma fée sommeille, mes mains
sur ses hanches l'éveillent : "tu es pénible, il est tard et je dormais,
t'es chiant!!!"
"Donc
tu vas me quitter, partir d'ici pour ne jamais revenir, c'est ça ????!!!"
"Mais
t'es dingue toi, je dors tu me réveilles et, et ... écoute faut dormir d'accord
?!!!"
Je
quitte la chambre satisfait, bien content de ce qui s'est dit.
J'entrouve
la porte de la chambre de mon fils, il respire fort, il est fatigué, les bras
croisés derrière la tête, les cheveux dans les yeux, il sourit de ses rêves...
Le
carrelage de la salle de bains est froid, mes genoux chauds, je lève les yeux
au plafond et je murmure : "Alors quoi ???!!!! C'est ici la maison du
bonheur???!! J'y suis vraiment ???!!" – Il m’a répondu « TA
GUEULE »
La
raison me soulève jusque dans mon lit et me ferme les yeux, il faut dormir
maintenant...